Le FCE d’Ali Haddad a-t-il réussi sa rentrée ce week-end à El Oued ? Bien sûr, il y a quelques signes très visibles qui ne trompent pas et qui ont été immédiatement soulignés par les commentateurs nationaux.
Aucun ministre en exercice présent à cette université d’été qui n’a pu compter que sur quelques anciens ministres très actifs et très médiatiques comme Abderrahmane Benkhalfa ou Abdelmadjid Attar.
Le wali d’El Oued lui-même s’est fait excuser et a été remplacé par son secrétaire général auteur d’un très long exposé sur les réalisations, principalement agricoles, et les potentialités de sa région.
Le contraste est complet avec les éditions précédentes qui avaient vu se bousculer parfois jusqu’à près de la moitié du gouvernement aux manifestations organisées par la première organisation patronale du pays.
De quoi confirmer l’impression générale d’un malaise entre le FCE et le gouvernement. D’autant plus qu’on a rien appris de nouveau lors de ces deux journées dans le Sud du pays, sur le dossier du statut de l’organisation et de sa volonté de se transformer en syndicat.
Interpellé par les journalistes sur ce projet déjà vieux de 9 mois, Ali Haddad s’est contenté de répondre que « le dossier déposé dans ce but au niveau du ministère du travail est conforme et donc il ne reste plus qu’à l’instance habilitée de se prononcer ». Avant d’ajouter : « si la réponse est négative, nous accepterons le verdict».
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Même ton et même commentaire du président du FCE à propos des prises de participations dans le capital de la société Fertial par son groupe. Ali Haddad répond que « c’est au gouvernement de trancher ».
Les patrons du FCE ont le moral
Pour autant et de façon paradoxale, la première organisation patronale du pays n’a pas du tout donné à El Oued l’impression d’une institution en crise ou en déclin. Et son patron, non plus, pas celle d’un dirigeant sur le départ.
Déjà, une assistance très nombreuse de beaucoup de patrons en majorité très jeunes donnait le ton. Avec des préoccupations très classiques comme l’accès au financement, la disponibilité du foncier industriel, le poids de la bureaucratie ou encore la nécessité de stabiliser le cadre juridique et réglementaire en « faisant une pause dans des changements incessants ».
Les patrons ont pourtant généralement le moral et affichent souvent un optimisme très visible porté par l’importance des « opportunités d’investissements » et un intérêt de plus en plus marqué pour les nouvelles technologies numériques qui constituent le plus clair des discussions entre de jeunes patrons dont la plupart n’ont pas atteint la quarantaine.
Une organisation patronale en pleine transformation
Le staff du FCE s’est chargé, dans un bilan sur les 4 années du mandat de Ali Haddad, de donner l’explication des changements spectaculaires opérés au sein de l’organisation patronale. Elle est passée de moins de 400 membres à plus de 4 000 aujourd’hui.
Près de la moitié sont des adhérents de Jil FCE qui regroupe les « jeunes » du patronat. Il y a plus de femmes aussi. Elles sont aujourd’hui une centaine dans l’organisation patronale qui n’en comptait encore que 4 en 2014. Une plus grande représentation également des différents secteurs de l’économie qui sont désormais au nombre de 27 au sein du FCE.
Plus de membres, plus de jeunes, plus de représentativité, il n’en faut pas plus pour justifier, selon les dirigeants du FCE, la volonté de transformer l’organisation patronale en syndicat. Une décision qui a d’ailleurs « été prise en Assemblée Générale à la fin de l’année dernière » et qui pourrait contribuer selon certains de nos interlocuteurs à l’émergence d’une véritable « conscience patronale ».
De nombreuses avancées juridiques
Le bilan dressé par les cadres du FCE est aussi celui d’une organisation qui aura réussi à faire significativement bouger les lignes sur le plan du cadre juridique au cours des dernières années. Sa contribution à l’élaboration des différentes lois de finances et des LFC récentes aurait notamment conduit à une liste impressionnante d’avancées juridiques au nombre desquelles figurent notamment le principe de l’égalité de traitement entre les entreprises privées et publiques, la préférence nationale dans l’attribution des contrats publics, la réduction de la TAP, la réduction de l’IBS pour les entreprises de production ou encore l’allongement des délais de rapatriement des recettes d’exportation.
Plus encore, le staff du FCE signale des changements qui n’auraient pas reçu l’écho qu’ils méritent. Il s’agit en particulier de la création et de la gestion de zones industrielles par le secteur privé « dont les premières vont bientôt voir le jour ». L’introduction toute récente dans la loi de la « concession de service public » est un autre texte passé « presque qu’inaperçu », qui autorise la réalisation et la gestion d’infrastructures publiques par des entreprises privées et qui fait également partie de ces évolutions qui auraient été encouragées par le FCE.
Ali Haddad toujours très offensif
Un bilan sur lequel Ali Haddad donne clairement l’impression de s’appuyer pour renforcer sa légitimité à la tête du FCE et demander de nouvelles avancées. Très offensif, il a déploré le retard de l’Algérie en matière de création d’entreprise en indiquant qu’au cours des quatre dernières années, « le tissu économique algérien ne s’est enrichi seulement que de 200 000 entreprises, alors qu’en France au cours du seul mois de janvier 2018, plus de 64 000 entreprises ont été créées ».
“De profondes réformes doivent être engagées afin de simplifier l’environnement fiscal, administratif et bancaire de l’entreprise et améliorer les conditions d’accès au foncier”, a-t-il estimé.
Ali Haddad a surtout plaidé en faveur de l’ouverture de tous les secteurs à l’investissement privé. “Notre pays doit donner à l’adresse des opérateurs économiques nationaux et étrangers des signaux forts d’ouverture de son économie. À l’exception des industries militaires, les autres secteurs doivent être ouverts, sans apriori, à l’investissement privé”, a demandé le patron des patrons. Pour lui, une telle décision constituerait “un gage d’amélioration incontestable du climat de l’investissement et un impératif pour renforcer l’attractivité économique de l’Algérie.”
Dernier signe encourageant sur l’état de santé et l’avenir du FCE. Ali Haddad annonce une trésorerie florissante et de nombreux projets. Ils doivent notamment se traduire par la construction d’un nouveau siège à Bab Ezzouar, l’ouverture prochaine d’une école de management et l’inauguration dans les prochains jours d’un incubateur de startup à Sidi Abdellah.
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