Le Front des forces socialistes (FFS) appelle à lever le « blocus politique et sécuritaire » imposé à l’Algérie, et reprend sa politique du ni-ni pour tracer une ligne entre la « gestion unilatérale » et les « extrémistes de tout bord »
L’heure est au bilan pour le Front des forces socialistes (FFS). Le plus vieux parti d’opposition en Algérie a indiqué dans un communiqué publié ce lundi avoir organisé, samedi 5 novembre une conférence nationale d’audit. Un événement présenté comme « l’ultime étape » avant le sixième congrès ordinaire du parti, prévu les 8, 9 et 10 décembre prochains.
« Se regarder en face »
Cette conférence est le moment où le FFS « se regarde en face », selon le communiqué. Les débats tenus au cours de cet événement ont permis au parti de « dégager des lignes de forces et de fixer des objectifs dans la perspective de ses prochaines assises », selon la même source.
Se réjouissant que la force de propositions de ses militants soit « toujours intacte », le FFS a indiqué que les participants à cette conférence ont noté « la cohérence de l’action du parti avec sa ligne politique et les exigences du moment ».
Revenant sur les difficultés auxquelles il a dû faire face depuis le décès de Hocine Ait Ahmed en 2015, le FFS a estimé que « les multiples crises n’ont pas eu raison de la détermination de la base militante pour transcender les clivages de personnes et de groupes pour sauvegarder et pérenniser le parti ».
Faisant son autocritique, le FFS a, toutefois, estimé qu’il aurait pu « certainement » faire mieux. « Mais à ce stade, c’est pour nous un réel motif d’encouragements », note le communiqué.
Pour le FFS, l’Algérie a besoin « d’une véritable élite politique capable de porter un vrai projet de société ».
« Les mutations profondes, sur fond d’inquiétudes et d’incertitudes, à la fois politiques, économiques et sociales exigent la structuration de fortes médiations au sein de la société », a estimé le FFS.
Avant de souligner que « c’est ainsi, que nous serons en mesure de faire face à l’autoritarisme, la dépolitisation, aux populismes et aux extrémismes ».
Évoquant les derniers bouleversements géopolitiques économiques dans le monde, le FFS a, par ailleurs, a considéré que la situation « nous impose de redoubler d’efforts dans notre quête d’un changement dans notre pays », pour ainsi être en mesure d’affronter ces changements.
« Le contexte reste difficile »
Analysant la situation politique en Algérie, le FFS a estimé que « le contexte actuel reste difficile ». « Le champ politique est toujours verrouillé, et tout discours contradictoire est étouffé », a déploré le parti.
Pour le FFS, le changement dont a « urgemment » besoin l’Algérie et qui « tarde à être mis en œuvre », ne peut se réaliser « qu’avec l’adhésion libre et consciente de nos compatriotes ».
« Le volontarisme affiché ne peut suffire à redresser politiquement et économiquement la situation, si le blocus politique et sécuritaire imposé au pays n’est pas levé. Seule une société libre et organisée peut favoriser une gouvernance politiquement efficiente », a estimé le FFS.
Pour ce qui est de la qualification de l’Algérie comme « puissance régionale », le FFS a affirmé que cette dernière « ne peut se mesurer uniquement par sa force militaire ». Pour le parti, d’autres paramètres doivent être pris en compte, notamment la force économique, son épanouissement sociétal et son rayonnement culturel et civilisationel.
Soulignant qu’il continuera de porter « un discours responsable qui a pour fondements, la défense de l’État-nation, la souveraineté nationale, la démocratie, l’État de droit, les libertés fondamentales et la justice sociale », le FFS reprend sa politique du ni-ni dont il s’est distingué durant les années 1990. À l’époque, le parti qui était dirigé par Hocine Ait Ahmed était aussi bien opposé au pouvoir qu’aux islamistes.
Reprenant cette stratégie, le FFS a assuré ce lundi qu’il restera « intransigeant face à la gestion unilatérale des affaires du pays, et face aux extrémistes de tout bord qui, sous prétexte d’opposition au pouvoir, veulent mettre l’État en péril ».