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Le film sort aujourd’hui : « Papicha » encensé par la critique en France, la presse américaine moins tendre

Le long-métrage « Papicha », réalisé par Mounia Meddour, sort ce mercredi dans les salles de cinéma en France où il a reçu des échos globalement positifs par la presse de ce pays. Le site spécialisé Allociné lui attribue une note moyenne de 3,8 sur 5.

« ‘’Papicha’’ brosse le portrait d’une jeune femme libre dans la décennie noire algérienne et raconte son combat bouleversant contre l’oppression. Hymne à l’insoumission, ce film se révèle parfois déchirant, mais surtout exaltant. D’autant qu’il est porté par des comédiennes éblouissantes de vitalité », écrit Le Parisien dans sa critique du film.

« Gloire à Mounia Meddour ! Dans ce premier film remarquable, la cinéaste, jusqu’alors auteure de documentaires, s’inspire de ses propres souvenirs de jeunesse pour mettre en scène une merveille d’intelligence et de sensualité », écrit Marianne au sujet de « Papicha ».

« Dans cette fiction qui repose sur des faits tragiquement réels, la cinéaste, sans didactisme, donne à voir comment certaines Algériennes ordinaires, avec les moyens du bord, ont lutté contre l’horreur de l’intégrisme et l’ont parfois payé de leur vie. Incarné par une jeune comédienne époustouflante, Lyna Khoudri, il faut découvrir son film de toute urgence », s’extasie l’hebdomadaire.

« Brillamment mis en scène et enchaînant les séquences fortes, le film est à la fois bouleversant et indispensable, servi par deux révélations, les jeunes Lyna Khoudri et Shirine Boutella, impressionnantes en papicha insoumises », affirme l’Express. « Mettant en scène une lutte de pouvoir entre femmes aux idéaux opposés, “Papicha” expose avec force un sujet : l’intégrisme religieux », indique le site Bande à Part.

« Remarqué à Cannes, censuré en Algérie, ce vibrant manifeste contre l’obscurantisme touche au cœur grâce à une énergie qui fait oublier les maladresses », affirme le journal régional La Voix du Nord. « Une touchante histoire d’émancipation portée par la belle interprétation de Lyna Khoudri », salue de son côté la revue spécialisée Les Fiches du cinéma, tandis que Les Inrockuptibles déplore que « tout se laisse à peu près deviner » dans le film.

« Mounia Meddour, l’auteure de Papicha, se lance dans ce premier long-métrage avec une énergie qui confine parfois à la frénésie », estime pour sa part le journal Le Monde. Plutôt que de coller à la réalité de l’engrenage, Mounia Meddour choisit le chemin de la pure fiction, concentrant un processus historique long de plusieurs années sur une poignée de semaines, inventant – sans craindre de mettre en péril le crédit de son film – un épisode atroce d’un conflit qui pourtant n’en manque pas », déplore Le Monde.

« Ces libertés, ces audaces ne servent pas toujours le film et son propos, pas plus que les partis pris très systématiques du montage et du cadrage, des plans très courts qui serrent les actrices au plus près », écrit Le Monde, qui considère cependant que « ces limites n’empêchent pourtant pas Papicha de toucher au cœur de son sujet, la perte de la liberté ».

La presse américaine moins tendre

La presse américaine a pour sa part été notablement plus critique vis-à-vis du film. « Très au fait des amitiés féminines et des différentes réactions possibles au changement social forcé, il s’agit d’un film joué avec amour qui malheureusement déraille au troisième acte », déplore le The Hollywood Reporter.

« Les événements calamiteux décrits fonctionnent parfaitement comme une métaphore crue de l’endroit où le pays s’est trouvé ou était dirigé, mais ne convainc pas au niveau narratif ou en termes d’impact psychologique sur les personnages », estime le magazine américain, qui ajoute que le film « n’offre pas tant de choses en termes de contexte socio-politique ».

« Meddour est à son meilleur niveau lorsqu’elle capture simplement les filles alors qu’elles tentent de vivre leur vie à une époque de transformation violence et parfois violente », affirme le Hollywood Reporter, qui déplore qu’ « en tant que scénariste, Meddour semble plus intéressée par les événements choquants en tant qu’événements historiques et symptômes abstraits d’une société malsaine que comme événements traumatiques spécifiques qui, à la suite de leurs événements, laissent une marque indélébile sur un ou plusieurs individus. Cela sape particulièrement le dernier acte de crédibilité et de bonne volonté », critique le magazine.

« Les coutures du scénario sont tellement criantes et la finition est tellement dépareillée que, malgré l’identification du public et l’inévitable slogan ‘’inspiré vaguement par des événements réels’’, ‘’Papicha’’ donne le sentiment d’être visiblement manipulateur », déplore quant à lui le magazine américain Variety.

Le magazine a en particulier critiqué la fin du film, qu’il juge « extrêmement malavisée, manifestement conçue pour choquer le public via à un événement qui n’est pas basé sur une histoire réelle ».

Pour Variety, la fin « signale le moment où Meddour ne fait plus confiance à la force émotionnelle de son film dramatique et tente imprudemment de de donner un gigantesque coup de pied aux tripes, complété par un flashback réchauffé, qui change complètement le ton du film et ne sert aucun but valable dans une trame narrative qui travaille déjà durement pour montrer l’inhumanité du fondamentalisme et le chaos de la guerre civile algérienne », déplore le magazine.

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