Déficits budgétaires à des niveaux record, idem pour le pourcentage de la masse salariale dans le PIB ou la dette publique : six ans après la chute de la dictature, la Tunisie ne parvient pas à faire redémarrer son économie. Cette deuxième tranche portera le total des versements à 638,5 millions de dollars, sur un montant total décidé en mai dernier de 2,9 milliards de dollars. En février dernier, la mission d’observation s’était soldée par un échec.
Une mission du Fonds monétaire international (FMI) s’est rendue ces derniers jours en Tunisie et sa conclusion débute par un constat sans fard de la situation économique du pays, qui six ans après la chute de la dictature, a les plus grandes difficultés à faire redémarrer son économie :
“La Tunisie fait face à des défis économiques importants. Les déficits budgétaires et des comptes extérieurs ont atteint des niveaux record, le pourcentage de la masse salariale dans le PIB total est maintenant l’un de plus importants au monde et la dette publique a encore augmenté à 63% du PIB à la fin 2016 alors que l’inflation de base a augmenté. La croissance en 2017 devait doubler à 2,3% mais cela restera trop bas pour réduire sensiblement le chômage, surtout dans les régions de l’intérieur du pays et parmi les jeunes“, indique le communiqué publié lundi par le FMI.
Progrès dans la lutte contre la corruption, la réforme des banques…
Mais la mission a également salué “les progrès encourageants dans la mise en œuvre des réformes qui avaient été retardées”, notamment “les nouveaux textes de loi sur l’investissement et la concurrence, les travaux d’établissement d’une nouvelle instance constitutionnelle chargée de la lutte contre la corruption et les mesures de réforme des banques et des entreprises publiques”.
Et de fait, contrairement à l’échec de février dernier, la mission a rendu cette fois un avis favorable à la poursuite de l’aide. Sauf avis contraire du conseil d’administration du FMI – peu probable, tant celui-ci suit presque toujours les recommandations de ses équipes -, une nouvelle tranche de 319 millions de dollars (300 millions d’euros) sera donc versée prochainement à la Tunisie.
Un prêt de 2,9 milliards de dollars au total
Dans un communiqué lundi 17 avril, le FMI a indiqué que la mission et les autorités tunisiennes s’étaient entendues sur les modalités de la poursuite du programme de réformes décidé en mai dernier et portant sur un prêt d’un total de 2,9 milliards de dollars. Sur ce total, quelque 638,5 millions de dollars auront été versés avec ce nouveau déboursement.
Le FMI recommande d’agir vite et fort
Lundi, la délégation du FMI a détaillé ses recommandations pour accélérer la croissance et la création d’emploi :
“La situation économique difficile réclame des mesures rapides et fermes pour maintenir la stabilité économiqueet encourager la création d’emplois“, ajoute-t-on de même source.
“A court terme, les priorités consisteront à accroître les recettes fiscales de manière équitable, à mettre en œuvre la stratégie de réforme de la fonction publique afin de placer la masse salariale sur une trajectoire viable, à réduire les subventions énergétiques.”
“Protéger les populations les plus vulnérables”
Au plan de la sécurité sociale, la mission recommande d’en couvrir rapidement les déficits de liquidité immédiat, et conseille de “mieux cibler le dispositif de protection sociale” et d’augmenter les dépenses sociales afin de mieux “protéger les populations les plus vulnérables et de préserver leur pouvoir d’achat en cette conjoncture difficile”.
L’institution multilatérale appelle également à une réforme des retraites qui permettra “d’assurer la viabilité du système de retraites pour les générations futures”.
(Avec AFP)
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