L’enquête semestrielle sur l’emploi que vient de publier l’ONS va certainement réconforter le gouvernement dans un contexte marqué de fortes inquiétudes sur la situation économique et sociale. Il s’agit sans doute de la première bonne nouvelle pour la politique économique mise en œuvre depuis la fin de l’été 2017 et l’adoption du plan d’action du gouvernement Ouyahia basé notamment sur le financement par la planche à billets.
Voici exactement un an, fin juillet 2017, juste avant l’adoption du plan Ouyahia qui avait effectué un virage à 180 degrés de la politique économique du gouvernement avec une relance massive des dépenses publiques, l’Office national des statistiques annonçait des chiffres très inquiétants. Le nombre de chômeurs avait franchis la barre des 1, 5 millions de personnes recensées officiellement. Le taux de chômage était en forte hausse à 12,3% en avril 2017 contre 10,5% en septembre 2016. Les jeunes étaient les plus touchés et l’Office indiquait que le taux de chômage des jeunes de 16-24 ans était désormais tout proche de la barre des 30 %.
Circonstance aggravante, l’ONS annonçait que pour la première fois depuis très longtemps la population occupée avait carrément diminué. Le nombre d’algériens qui travaillent avait baissé de plus de 70 000 personnes en un peu plus de 6 mois.
Baisse du chômage et augmentation de l’emploi salarié
Sur le front de l’emploi, le changement de décor est aujourd’hui complet par rapport aux évolutions très préoccupantes qui avaient été rendus publiques voici un an.
En avril 2018, le taux de chômage au niveau national a atteint 11,1%, selon les derniers chiffres qui viennent d’être publiés. Il est en baisse de 0,6 point par rapport à septembre 2017. Le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) qui reste cependant au niveau très élevé de 26,4%, est également en recul de 1,9 point par rapport à septembre 2017.
A l’origine de cette baisse significative du chômage on trouve une augmentation très sensible de la population occupée qui est estimée à 11, 048 millions de personnes au printemps dernier.
Dans le détail, la période qui s’étend de septembre 2017 à avril 2018 a été marquée par une augmentation du volume de l’emploi salarié notamment le salariat non permanent, avec un solde positif de 231 000. L’ONS relève également une augmentation, moins importante, du volume des salariés permanents (51 000), alors que le volume de l’auto-emploi connait au contraire une décroissance de 74 000. Près de sept occupés sur dix sont désormais salariés (69,6%).
L’administration et le BTP en tête des bilans
Si la relance de l’activité, stimulée par l’augmentation des dépenses publiques, est sans aucun doute responsable de l’augmentation du nombre de travailleurs salariés, on ne connait pas les secteurs qui ont bénéficié principalement de cette relance. L’enquête de l’ONS se contente de relever sur ce point que « la répartition de l’emploi selon les principaux secteurs d’activité ne fait pas ressortir de modifications structurelles entre septembre 2017 et avril 2018 ».
Cette structure de l’emploi est marquée par la prédominance du secteur de la construction qui rassemble le plus grand nombre de travailleurs au sein de la population active avec 1,9 million de travailleurs (17,2% de l’ensemble). Il est suivi de l’administration publique (hors secteur sanitaire) avec 1,73 million d’employés (15,7%) et de la santé et l’action sociale avec 1,56 million (14,1%). Le commerce compte 1,71 million de travailleurs (15,5%), les industries manufacturières 1,33 million (12%) et l’agriculture 1,14 million (10,4%).
Les diplômés mieux lotis
Après avoir indiqué que le taux de chômage en Algérie a atteint 11,1% en avril 2018, l’enquête de l’ONS précise qu’il est de 9% chez les hommes et 19.5% chez les femmes. La population au chômage est estimée à 1,378 million de personnes, et près de 6 chômeurs sur dix sont des chômeurs de longue durée (plus d’un an)
Le recul du taux de chômage a touché d’une manière différenciée la population selon le diplôme obtenu. On enregistre une baisse très minime de deux dixièmes de points (0,2%) auprès des personnes sans qualification, alors que le recul est plus prononcé auprès des diplômés de la formation professionnelle et ceux de l’enseignement supérieur, avec un baisse du taux de chômage de 1,4 point au cours de la même période.
Par ailleurs, la répartition des chômeurs selon le diplôme obtenu fait ressortir que 680 000 chômeurs n’ont aucun diplôme, soit près de la moitié de l’ensemble de la population au chômage (49,4%). Les diplômés de la formation professionnelle en constituent 25,7%, alors que les diplômés de l’enseignement supérieur en forment exactement un quart (24,9%) .
La stratégie de relance confortée
Plus de 200 000 chômeurs de moins en un an, les résultats de la politique de relance des dépenses publiques mise en œuvre par le gouvernement Ouyahia sont pour l’instant surtout sensible sur le front de l’emploi. La tendance devrait se poursuivre sur l’ensemble de l’année 2018 .
Après les résultats mitigés ou décevants enregistrés en matière de réduction des déficits internes ou d’endiguement des importations , l’exécutif y verra certainement une première démonstration de la justesse des orientations économiques appliquées depuis l’été 2017.
Une bonne raison aussi pour ne pas changer de cap avant les prochaines échéances électorales du printemps 2019 ; en dépit des appels pressants , à l’intérieur comme à l’extérieur du pays , qui critiquent une stratégie dominée par des enjeux de court terme .