L’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) de la Gendarmerie nationale a fait état ce mardi de l’existence d’une variété moderne du haschisch produit au Maroc, dont les propriétés le rendent beaucoup plus addictif que le haschisch traditionnellement produit par le voisin de l’Algérie.
« Le Maroc a toujours été un pays de production industrielle du cannabis. En plus de ça, à partir de 2010, la culture du cannabis au Maroc a connu beaucoup de transformations. On a vu son industrie se transformer par l’introduction massive de variétés hybrides, à haut rendement, ce qui a permis d’augmenter la production et d’augmenter la puissance du haschisch », explique le lieutenant-colonel Yacine Boumrah, sous-directeur chargé de la toxicologie au sein de l’INCC, dans un entretien à la Radio nationale
« Le risque sanitaire du nouveau haschisch marocain est énorme. Le haschisch hybride présente des taux de THC élevés par rapport au haschich classique du Maroc », explique le lieutenant-colonel Boumrah, en référence au tétrahydrocannabinol (THC), la substance chimique présente dans le cannabis et responsable des propriétés psychoactives de ce produit.
« Si dans les années 2010, on avait un haschisch marocain avec un pourcentage en THC avoisinant le 1 %, soit une faible dose de principe actif, en 2020 on a eu du haschisch avec des pourcentages de plus de 20 % », fait savoir le sous-directeur chargé de la toxicologie au sein de l’INCC.
« Le haschisch moderne a un pouvoir addictogène plus élevé par rapport au haschisch classique »
« Le record en Algérie en principe actif dans le haschisch moderne est signalé en 2020 avec une saisie de haschisch avec un pourcentage au THC avoisinant les 50 %, ce qui est vraiment énorme », met-il en garde, citant la France à titre de comparaison, où « le record est de 39 % ».
« Le haschisch moderne a un pouvoir addictogène plus élevé par rapport au haschisch classique. La dépendance à ce type de haschich est plus forte qu’au haschisch classique. C’est ça le souci de ce haschich moderne », alerte le lieutenant-colonel Boumrah.
« Le haschisch moderne n’est pas destiné à être une drogue douce. C’est un haschisch qui est comparable aux drogues dures, à savoir la cocaïne ou l’héroïne », affirme le responsable, précisant qu’ « actuellement, plus de la moitié du haschisch saisi au niveau national concerne ce haschisch dangereux ».
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Plus de 1.000 tonnes de cannabis saisies en 10 mois
Dans ce contexte, le sous-directeur chargé de la toxicologie au sein de l’INCC a fait savoir que les autorités algériennes œuvrent à lutter contre le trafic de ce produit. « La lutte contre le trafic de cannabis est continuelle. Ces dernières années, on a vu le renforcement du rideau à nos frontières par rapport à l’acheminement du haschisch marocain vers notre territoire », affirme-t-il.
« Les moyens disponibles sont renforcés. Tous les moyens techniques et scientifiques ont été mis à la disposition des unités de l’Armée nationale populaire et des unités des différents services de sécurité à savoir la gendarmerie nationale, la police nationale et les douanes algériennes, pour lutter efficacement et sans merci contre les bandes spécialisées contre l’acheminement et la distribution à petite et moyenne échelles dans les différents coins du territoire nationale », soutient le lieutenant-colonel Boumrah.
Selon le même responsable , plus de 1.000 tonnes de résine de cannabis, en provenance du Maroc, ont été saisies par les différents corps de sécurité durant les dix dernières années en Algérie.
Le 1er mars, l’Armée nationale populaire (ANP) a violemment attaqué le Maroc en l’accusant de chercher à déstabiliser l’Algérie en utilisant ses drogues.
« Le régime marocain use de tous les moyens pour faire écouler et vendre ses drogues en dehors de ses frontières, et ce en faisant fi de la sécurité et la stabilité des pays du voisinage », avait dénoncé l’Armée populaire nationale (ANP) dans son bilan opérationnel sur la lutte anticriminalité, publié via l’agence officielle.
Sans ambages, l’armée algérienne a pointé « l’impunité assurée par le régime du Makhzen aux narcotrafiquants et aux réseaux de narcotrafic », qui s’explique par « les tentatives du Makhzen à voiler ses multiples échecs économiques et pour apaiser l’ébullition sociale ».