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Le Hirak à l’épreuve de la pandémie mondiale

Le Hirak à l’épreuve de la pandémie mondiale

CONTRIBUTION – La pandémie mondiale du coronavirus a exposé encore une fois les limites du pouvoir illégitime. Même au milieu d’une crise sanitaire mondiale, le pourvoir algérien est incapable de mobiliser le peuple pour son plan de prévention et de gestion de la pandémie.

À l’heure où j’écris cet article, 48 cas ont été officiellement déclarés en Algérie. Vu la progression exponentielle de la contagion, il suffirait de deux semaines pour atteindre plusieurs milliers de cas, et un cas sur six subira des complications respiratoires qui pourraient être fatales pour les personnes âgées ou vulnérables.

Étant donné la précarité de notre système de santé (un autre produit de ce régime), ralentir la progression de la maladie est la seule option disponible. Le lien entre le pouvoir et le peuple algérien étant définitivement rompu, le Hirak doit rapidement prendre les décisions nécessaires pour faire face à cette pandémie.

L’esprit du Hirak est de remettre la raison, la compétence et la justice dans la gestion des affaires publiques. Cet esprit exige aujourd’hui de préserver la vie de nos concitoyens des conséquences fatales d’une contagion incontrôlable. Une suspension du Hirak pour deux semaines ralentira la progression de la maladie et sauvera certainement des vies. Aussi, cette suspension temporaire démontrera encore une fois la maturité de ce mouvement populaire inédit.

De l’autre côté, le pouvoir devrait voir cette suspension temporaire comme une trêve, et devrait s’abstenir de toute exploitation de cette période de crise sanitaire pour museler ou atténuer le Hirak ou le prévenir de se reprendre plus tard. Il devait au contraire, prendre les décisions nécessaires pour faciliter la participation du peuple aux actions de prévention. La responsabilité du gouvernement est aussi de prendre en urgence les actions suivantes :

– Assurer un approvisionnement suffisant des appareils nécessaires pour faire face à la détresse respiratoire, cause principale des décès liés au COVID-19.

– Augmenter le nombre des espaces dédiés aux patients présentant des complications respiratoires. Étant donné le nombre de personnes souffrant de diabète ou d’hypertension en Algérie, il faut s’attendre à un taux élevé de cas sévères nécessitant des soins intensifs.

– Augmenter la capacité de dépistage de la maladie en mettant à disposition des services de santé les kits de diagnostic nécessaires.

– Suspension des vols provenant de pays à risque, et affrètement d’avions pour tout rapatriement nécessaire de citoyens algériens. Tout rapatriement doit être suivi d’une mise en quarantaine pendant deux semaines.

Aussi, Je tiens à attirer l’attention de nos compatriotes sur la mésinformation courante sur internet concernant cette pandémie. Il n’y a pas de vaccin ou de remède miracle ou de solution traditionnelle pour éviter la contagion. Le seul moyen de prévention dans toute situation de pandémie est d’éviter les grands rassemblements, réduire les déplacements et adopter les gestes d’hygiène nécessaires.

Pour une information fiable, j’encourage tout le monde à se référer au site de l’Organisation Mondiale de la Santé (https://www.who.int/ar/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public/q-a-coronaviruses).

*Abdennour Abbas est Professeur à l’Université du Minnesota, USA

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