Le Hirak boucle ce dimanche 22 décembre son dixième mois de contestation populaire contre le pouvoir et pour l’instauration d’un Etat de droit. Le mouvement a été ponctué durant ces dix mois de plusieurs événements marquants, le dernier en date ce jeudi avec la prestation de serment d’un nouveau président. Retour sur les principaux événements ayant ponctué les dix mois de contestation.
Le 11 février, le président Bouteflika annonce sa candidature pour un cinquième mandat à la présidence du pays. « En réponse à toutes les sollicitations et dans un esprit de continuité dans l’accomplissement d’un devoir ultime, que j’annonce aujourd’hui ma candidature à l’élection présidentielle du mois d’avril prochain », écrivait Bouteflika dans une lettre. C’était la goutte de trop pour un peuple en quête de recouvrement de sa dignité.
Les premières manifestations débutent le 16 février à Kherrata puis trois jours plus tard à Khenchela. Le vendredi d’après, 22 février, voit la première mobilisation à l’échelle nationale contre le cinquième mandat.
Des millions d’Algériens sortent ce jour-là dans plusieurs villes du pays pour exprimer leur opposition à un nouveau mandat de Bouteflika. Près d’un million de personnes sortent dans la capitale Alger, où les forces de l’ordre sont forcées à la retenue face au nombre massif de manifestants.
Le mur de la peur tombe, et les manifestants comprennent que leur force est leur nombre. Ainsi commence une tradition de larges manifestations chaque vendredi accompagnée chaque mardi par des manifestations estudiantines.
Dix mois durant, les revendications restent inflexibles et se résumeront à une phrase entrée dans la légende : « Yetnahaw Ga3 » (« Tout le monde s’en va »), référence au système et au pouvoir.
Le 11 mars, Abdeladiz Bouteflika qui était parti en Suisse pour des raisons médicales, revient en Algérie où il annonce le report des élections présidentielles prévues le 18 avril, prolongeant de fait son quatrième mandat. Il annonce également la tenue d’une conférence nationale, un référendum populaire pour la révision de la Constitution et des élections présidentielles futures dans lesquelles il s’engage à ne pas se présenter comme candidat.
Le 26 mars, le chef d’état-major Ahmed Gaid Salah appelle à la destitution de Bouteflika par l’application de l’article 102 de la Constitution. Le 2 avril, l’état-major de l’armée appelle dans un communiqué à la destitution « immédiate » de Bouteflika, et qualifie le clan présidentiel de « bande ». Bouteflika présente sa démission une heure plus tard.
Le 9 avril, le président du Conseil de la Nation Abdelkader Bensalah devient chef de l’Etat par intérim pour une période supposée ne pas excéder 90 jours. Il convoque le corps électoral pour le 4 juillet 2019. Le 2 juin, le Conseil constitutionnel annonce l’annulation de ces élections, faute de candidats. Une situation pas prévue par la Constitution.
Alors que le « mandat » de Bensalah doit prendre fin constitutionnellement le 9 juillet, le Conseil constitutionnel émet une « fatwa » juridique permettant au chef de l’Etat de rester en fonction jusqu’à l’élection d’un nouveau président.
Face à l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays, le pouvoir tente durant le mois de juillet d’organiser un dialogue pour trouver une issue à la crise. Un panel regroupant des personnalités nationales, à leur tête Karim Younes, est désigné. Rejeté par les manifestants, le panel se retrouve à discuter principalement avec les partis et associations proches du pouvoir.
Le 4 septembre, Gaïd Salah suggère de convoquer le corps électoral le 15 septembre. Le 15 septembre, le chef de l’Etat intérimaire convoque le corps électoral pour la tenue d’élections le 12 décembre 2019. Cinq candidats, dont deux anciens Premier ministres et deux anciens ministres. La campagne électorale se déroule dans des conditions difficiles.
Le 13 décembre, Abdelmadjid Tebboune est proclamé vainqueur du scrutin au premier tour, avec 58,13%. Abdelmadjid Tebboune prête serment la veille du 20 décembre, 44e vendredi de manifestations populaires.