Mohamed Kaci, un journaliste d’origine algérienne travaillant pour la chaîne française TV5Monde qui se présente comme la première chaîne francophone au Maghreb, est dans le collimateur du lobby israélien en France.
Il est célèbre depuis que la chaîne qui l’emploie a désavoué publiquement la manière avec laquelle il a mené, le 15 novembre, une interview avec un porte-parole de l’armée israélienne, Olivier Rafowicz.
4,4 millions de vues pour l’extrait de cette interview du porte-parole francophone de l’armée israélienne par le journaliste de @TV5MONDE Mohamed Kaci. Depuis, le présentateur est dans l’attente de savoir s’il sera sanctionné par la direction de la chaîne publique.
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Des révélations fracassantes sont faites sur des pressions du lobby pro-israélien subies par la direction de TV5Monde pour sanctionner son journaliste.
De l’aveu de nombreux spécialistes, Mohamed Kaci n’a pas commis de faute professionnelle lors de l’interview en question. Tout ce qu’il a fait, c’est qu’il ne s’est pas montré complaisant avec son vis-à-vis et qu’il n’a pas hésité à lui poser des questions gênantes qui mettent à mal la propagande israélienne pour justifier la guerre menée contre la bande de Gaza.
« Vous vous comportez comme le Hamas ? C’est ce que vous nous dites ce soir ? », a notamment rétorqué le journaliste lorsque le militaire israélien a souligné que le Hamas aussi ne respecte pas le droit international.
« Mohamed Kaci est un journaliste qui fait un travail absolument reconnu par l’ensemble de la profession […] Il a posé tout simplement au porte-parole propagandiste de l’armée d’Israël, la question de savoir si l’armée allait considérer qu’il faille un couloir humanitaire pour sauver les Gazaouis », explique le journaliste indépendant Mourad Guichard.
Les journalistes de TV5MONDE se réunissent aujourd’hui pour interpeller la direction de la chaîne au sujet du cas Mohamed Kaci @MKACITV5M
Le journaliste est convoqué demain mardi à la direction des ressources humaines, une semaine après la publication d’un communiqué le… pic.twitter.com/xSWearWBfa— Khaled Drareni (@khaleddrareni) November 27, 2023
Mais ce n’est pas l’avis de la chaîne publique française qui, le 20 novembre, a publié un communiqué dans lequel elle a désavoué totalement Mohamed Kaci estimant que « les règles journalistiques, applicables à toute interview, n’ont pas été respectées » pendant l’entretien et que celui-ci ne s’est pas terminé « selon les normes en vigueur de maîtrise de l’antenne, mais de façon trop abrupte ».
Mohamed Kaci, journaliste de TV5Monde livré en pâture au lobby pro-israélien et à l’extrême droite
Pour Mourad Guichard, il s’agit d’une anomalie. La publication d’un tel communiqué ne devait en aucun cas se faire avant d’avoir convoqué et écouté le concerné. Ce que TV5Monde qui se présente comme la première chaîne francophone du Maghreb, et dont l’essentiel de son audience provient de l’Afrique, n’a pas fait.
Guichard rappelle qu’une intervention du même porte-parole sur une télévision suisse s’est terminée carrément en clash, l’animatrice ayant coupé l’antenne face à l’attitude « arrogante » du militaire israélien, mais elle n’a été ni sanctionnée ni désavouée par son employeur.
Pourquoi donc une telle réaction de la chaîne française ? Selon le site Arrêt sur images, qui cite des membres de la rédaction de TV5Monde, celle-ci aurait reçu des « pressions extérieures ». Le site évoque une colère qui « ne retombe pas » des journalistes à cause de ces pressions et du « lâchage » de leur collègue.
« Françoise Joly et Antoine Genton (directrice et directeur adjoint, ndlr) nous ont dit avoir reçu des coups de téléphone de responsables politiques, avec des demandes de mise à pied, voire de licenciement de Mohamed Kaci », témoigne un journaliste, selon Arrêt sur images.
L’animateur télé Arthur, connu pour son activisme pro-israélien notamment depuis le 7 octobre, est cité nommément comme étant l’un des auteurs de ces coups de téléphone.
« Yves Bigot (directeur général de TV5, ndlr) a précisé avoir reçu un coup de téléphone d’Arthur le prévenant de faire attention, car il y aurait des dépôts de plainte en provenance de France et d’Israël », raconte un autre journaliste qui assure que, en entendant cela, lui et ses collègues sont tombés de leur chaise.
Que le nom d’Arthur soit directement cité est un indice sur le rôle des lobbies pro-israéliens dans les pressions visant à peser sur la façon dont les médias français couvrent la guerre que mène Israël contre Gaza depuis le 7 octobre dernier.
Avant même ces révélations, l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, a dénoncé sur la chaîne TMC la « domination financière » qui « pèse lourd » sur les médias et le monde de l’art.
« Ils ne peuvent pas dire ce qu’ils pensent, tout simplement parce que les contrats s’arrêtent immédiatement », a fustigé l’ancien chef de la diplomatie française, la manière dont est traitée dans les médias occidentaux et français l’actualité liée à la guerre en Palestine.
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