El Kadi Ihsane, directeur de Maghreb Emergent et de Radio M, est convoqué pour ce mercredi par la gendarmerie nationale. Mais avant de se rendre au siège du groupement d’Alger à Bab Jdid, le journaliste a enregistré un message vidéo, diffusé sur Rrdio M au même moment où il se trouvait chez les gendarmes.
Dans son message, il annonce que s’il s’avère que l’objet de sa convocation a un lien avec son travail de journaliste, il ne répondra pas aux questions des enquêteurs et entrera en « grève de la parole ». « Je ne parlerai pas et je ne signerai aucun PV », assure-t-il, expliquant que c’est sa manière à lui de contribuer au combat pour la liberté de la presse.
« J’ai bien réfléchi, j’ai consulté mes avocats et j’ai décidé de faire une grève de la parole aujourd’hui. Je suis chez la gendarmerie, mais s’il s’avère que l’objet de ma convocation c’est mon activité professionnelle, le contenu de mes articles et de mes émissions, si c’est ça l’objet de mon audition et non une affaire de droit commun, de circulation routière ou de bien foncier, alors je refuse de parler, j’entre en grève de la parole », dit-il.
Et d’expliquer son geste : « Parce que je refuse et je m’élève contre les pressions sur les journalistes indépendants. C’est ma manière d’apporter ma contribution. Pendant ces 39 dernières années, je n’ai jamais eu affaire à la police judiciaire concernant mon travail. S’il y a un problème dans le contenu de ma profession, la loi prévoit que j’aille chez le juge, car la diffamation ne nécessite pas une enquête préliminaire ou la criminalisation. »
« Ce processus, je le refuse »
Pour Ihsane El Kadi, cette manière de procéder constitue une criminalisation du journalise, car, explique-t-il, « quand tu es convoqué chez les gendarmes, avant même d’arriver devant le juge, tu es dans un processus de criminalisation ». « Ce processus, je le refuse. Avec tout mon respect pour tous les services de sécurité, je refuse de parler avec la Gendarmerie nationale de mon activité professionnelle », assure-t-il.
Même s’il dit ne rien savoir encore sur les raisons de sa convocation, Ihsane El Kadi affirme être convaincu que « le problème est politique ». « Le pouvoir ne veut pas d’une presse indépendante, une presse qui donne la parole à toutes les parties, qui donne le droit de réponse, qui s’interroge sur le développement des événements en Algérie et qui couvre l’élan populaire sur le terrain », dénonce-t-il. Il accuse même le ministère de la Communication d’être derrière tout cela.
« Les choses commencent à s’éclaircir, c’est le ministère de la Communication qui est derrière ces entraves, y compris ma convocation aujourd’hui », accuse-t-il.
Ce n’est pas la première fois qu’El Kadi Ihsane est convoqué par les services de sécurité. En octobre dernier, il a répondu à une convocation de la même brigade de gendarmerie, mais il a été relâché sans être entendu. « La gendarmerie m’a signifié ce matin que ma présence n’était pas nécessaire et j’ai pu ressortir immédiatement », avait-il déclaré à sa sortie.