Le journaliste Saad Bouakba, en garde à vue au commissariat central d’Alger depuis avant-hier, samedi, a été placé ce lundi 6 février sous contrôle judiciaire à l’issue de sa présentation devant le tribunal de Dar El Beida (Alger).
Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), Bouakba a été présenté ce matin devant le parquet puis devant un juge d’instruction du même tribunal qui a ordonné son placement sous contrôle judiciaire avec interdiction de sortie du territoire national (ISTN).
Saad Bouakba, 77 ans, est considéré comme l’un des doyens des journalistes algériens. Il est poursuivi pour la teneur de l’une de ses dernières chroniques publiée sur le site Anaeldjazair, jugée offensante pour les habitants de la wilaya de Djelfa. Il a été interpellé à la suite d’une plainte d’organisations de la société civile de la même wilaya qui l’accuse de régionalisme et de propagation du discours de haine.
Saad Bouakba s’est excusé auprès des habitants de Djelfa
La wilaya des hauts plateaux est connue pour sa vocation agropastorale. Le chroniqueur, commentant l’annonce d’un investissement qatari dans l’élevage de bovins dans la région, a écrit que les habitants de Djelfa seront désormais promus du rang de « moutons politiques » à celui de « vaches politiques ».
Un passage interprété comme une allusion à un prétendu manque de conscience politique dans la région.
Ces propos ont suscité une vive polémique malgré une autre chronique dans laquelle Bouakba s’est excusé et assuré que ses propos ont été mal interprétés.
L’Algérie a promulgué en 2020 une nouvelle loi de lutte contre la discrimination et le discours de haine, prévoyant des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison ferme contre ceux qui promeuvent un tel discours.
Le CNLD ne précise pas si Bouakba est poursuivi en vertu des dispositions de cette loi ou seulement pour diffamation.