Après la crise de l’huile, qui a refait surface ces dernières semaines, une nouvelle tension sur le lait en boîte des marques Candia ou Soummam est actuellement enregistrée en Algérie.
De nombreux citoyens disent avoir des difficultés à se procurer du lait en boîte Candia ou Soummam, les deux grandes marques qui se partagent le marché algérien.
A Alger, certains affirment même que ce produit a complètement disparu des étals des supérettes de leur quartier, ou qu’au mieux, s’il est disponible, sa vente est rationnée à une seule boîte par client. « J’ai fait cinq supérettes, je n’ai rien trouvé. La sixième a accepté de me vendre seulement quatre briques de lait Soummam », affirme un citoyen qui a fait le tour des magasins d’Alger à la recherche du lait en boîte.
Pour Mustapha Zebdi, le président de l’Association de protection du consommateur (Apoce), « cette situation n’est pas alarmante. »
« Il est vrai qu’il y a une tension sur une marque en particulier, mais il existe d’autres marques sur le marché », a-t-il relativisé.
« Le lait en boîte n’est pas destiné à la grande population. Cette pénurie ne touche pas la classe démunie, qui elle ne peut pas se permettre d’acheter un lait à 130 DA la boîte », a-t-il dit ce lundi dans une déclaration à TSA.
Pour le président de l’Apoce, qui dit refuser de spéculer sur les raisons de ces tensions, le manque actuel de lait en boîte sur le marché est « l’occasion parfaite » de mettre en avant les bienfaits du lait cru.
« En termes de qualité et de bienfaits pour la santé, il n’y a rien de mieux que le lait cru. Contrairement à ce que laissent supposer les photos affichées sur les emballages des boîtes de lait, ces dernières ne contiennent pas réellement de lait de vache cru, c’est uniquement du lait en poudre mélangé », a-t-il déclaré.
Cette poudre de lait est importée par l’Algérie qui peine à produire suffisamment de lait cru pour satisfaire les besoins de sa population en ce produit.
Il ajoute que « ces tensions sur le lait en boîte sont pour nous une occasion en or de promouvoir le lait de vache cru, qui est extrêmement bénéfique, et qui se vend beaucoup moins cher que le lait en boîte, environ 80- 90 DA maximum le litre. Ce lait est plus riche, plus naturel, et moins cher que le lait en boîte. »
L’Algérie dépend des importations de la poudre de lait
Depuis quelques mois, des tensions sur des produits de large consommation, à commencer par l’huile, sont régulièrement enregistrés en Algérie.
Pour M. Zebdi, « ces pénuries de lait en boîte et d’huile ne sont absolument pas comparables. »
« En tant qu’association de protection du consommateur, nous ne pouvons pas donner autant d’importance à cette crise du lait en boîte qu’à celle de l’huile. Ce produit est destiné à une certaine couche sociale. Bien entendu, tout le monde a le droit de satisfaire ses besoins en fonction de ses moyens. Mais le plus important pour nous en tant qu’association est que d’autres alternatives soient disponibles sur le marché », a-t-il déclaré.
Avant de souligner que « la clé pour résoudre cette crise est entre les mains des pouvoirs publics et des opérateurs économiques. »
De son côté, M. Hazab Benchohra, le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), estime que « cette crise est passagère ». Pour lui, « il faut voir la crise d’un autre angle. »
Accusant les réseaux de la contrebande de créer des tensions sur l’ensemble des produits subventionnés par l’Etat, « et principalement sur le lait », M. Benchohra a déclaré : « Malheureusement, beaucoup de gens qui n’ont rien à voir avec le commerce pratiquent la contrebande. C’est extrêmement difficile de réguler le marché du lait dans notre pays ».
Pour le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), « il serait temps de lever progressivement les subventions ». « Les produits subventionnés sont des créateurs pour les réseaux de contrebande à travers le territoire national », a-t-il estimé.