Dans son édition de janvier 2018, l’édition française du magazine de voyage et de connaissance du monde Géo consacre aux peuples nomades un dossier de 20 pages intitulé « la voix berbère ».
« Du Maroc à l’Égypte, les Berbères, les plus anciens habitants de l’Afrique du Nord, cherchent à défendre leur particularité au sein du monde arabe ». Djamel Alilat (pour les textes) et Ferhat Bouda (pour les photos, en noir et blanc exclusivement) nous emportent dans leur voyage à la découverte des peuples berbères dispersés entre neuf pays.
« Groupe ethnique autochtone d’Afrique du Nord, les Berbères -le mot viendrait du nom barbaros que les Grecs anciens donnaient aux étrangers à leur civilisation, dont ils ne comprenaient pas la langue- vivent dispersés sur un immense territoire de quelque cinq millions de kilomètres carrés, entre, d’une part, les îles Canaries, dans l’Atlantique, et l’oasis de Siwa, en Égypte, et d’autre part les rives de la Méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye), et les pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso), écrit le journaliste Djamel Alilat, également reporter au quotidien El Watan.
On compte encore « environ trente à quarante millions de berbérophones en Afrique du Nord, et la grande majorité des Maghrébins sont en réalité des Berbères qui ont délaissé le tamazigh, la langue berbère, pour l’arabe », précise l’auteur de ce reportage. Le Maroc et l’Algérie comptent les plus importantes communautés berbérophones, respectivement 12 à 15 millions, et 10 à 12 millions.
Si la culture berbère est d’abord orale, ce reportage nous apprend – ou nous rappelle- l’existence de « témoignages tangibles de leur histoire », et de « nombreuses preuves de leur génie bâtisseur ». En Algérie notamment. Ainsi, à Boumia, dans l’Aurès algérien, on trouve le Medracen, un mausolée des Numides -peuple berbère- datant du IIIè siècle : une « imposante construction cylindrique surmontée d’un toit conique, qui domine le paysage sur la route de Constantine ».
Il n’est pas inutile de rappeler que ce legs de l’ancien Royaume des Numides est toujours menacé et fait partie des 100 monuments les plus en danger de la planète, selon World Monuments Fund.
De tradition nomade, certains peuples se sont, petit à petit, sédentarisés, rappelle l’auteur du reportage. « À 1940 mètres d’altitude au cœur du massif de l’Ahaggar (ou Hoggar), c’est le plus haut village d’Algérie mais aussi la première localité où des pasteurs, nomades depuis toujours, ont décidé, au XIXè siècle, de se sédentariser et de se faire agriculteurs », apprend-on.
Face aux envahisseurs successifs (Phéniciens, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Ottomans, Français), les Berbères ont aussi lutté pour la préservation de leur identité. En 1980, en Algérie, l’annulation d’une conférence sur la poésie kabyle que devait donner l’écrivain algérien Mouloud Mammeri à l’université de Tizi Ouzou provoque « la première manifestation de rue en faveur de la reconnaissance de la langue et de la culture berbères ».
« Ce fut le point de départ d’un mouvement de protestation quasiment insurrectionnel à travers la Kabylie », rappelle le journaliste. D’autres manifestations suivront. L’une d’elles, en 2001, réprimée par les balles, reste un des épisodes les plus tragiques, pudiquement nommé “printemps noir” (126 jeunes Kabyles seront tués).
Seize ans après ce drame, le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé, mercredi 27 décembre, sa décision de consacrer le nouvel an amazigh, Yennayer, journée chômée et payée dès le 12 janvier 2018. Presque deux ans après la reconnaissance du tamazight comme langue officielle lors de la révision constitutionnelle de février 2016.
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