Depuis jeudi 10 février, la Jeunesse sportive de Kabylie est sans président. Yazid Yarichène, élu en septembre dernier, a annoncé sa démission à l’issue de la défaite à domicile de l’équipe première en championnat face au Mouloudia d’Alger (0-1).
Le club le plus titré d’Algérie retombe dans l’instabilité qui le caractérise depuis le départ du président Moh-Chérif Hannachi.
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« J’ai essayé d’aider l’équipe mais je n’en peux plus. Il y a une pression très forte. Je confirme ma démission du conseil d’administration », a déclaré Yarichane à la presse jeudi, précisant que sa décision était « irrévocable ».
La défaite face au MCA est le deuxième revers consécutif pour l’équipe après son élimination en Coupe de la confédération africaine (CAF) par un modeste club d’Eswatini.
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Avant ce passage à vide, la JSK a fait un bon parcours en championnat, alignant notamment huit matchs sans défaite et battant le leader, le CR Belouizdad, chez lui. Ce qui reste une belle performance au vu de tout ce qui s’est passé à l’intersaison et la difficile transition après la destitution de l’ancien président Chérif Mellal.
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Les raisons de cette énième crise sont donc à chercher ailleurs que dans les résultats sportifs.
Yazid Yarichène, actionnaire et membre du conseil d’administration depuis la période de Hannachi, connaît bien le club et ses difficultés ces dernières années.
Lorsqu’il a pris la présidence, au terme d’un bras de fer mémorable avec l’ancienne direction, il ne pouvait pas ignorer ce qui l’attendait. Il avait promis de redresser la situation et de ramener les moyens nécessaires pour bâtir une grande équipe.
Au bout de six mois seulement, il comprend que la mission est bien plus compliquée. Il tire donc les conséquences de son échec et jette l’éponge. Qui faut-il blâmer ? Lui, le conseil d’administration et le club amateur (CSA) qui l’ont intronisé après avoir destitué l’ancienne direction, cette ancienne direction elle-même ?
Quand le nerf de la guerre vient à manquer
Charger une seule partie ou un seul homme c’est prendre le risque de passer à côté du mal qui ronge le club et qui l’empêche de redevenir le géant d’Afrique qu’il était.
Il est vrai que la JSK connaît des tiraillements, des luttes intestines et une instabilité depuis plusieurs années, avec parfois des interférences de la rue qui n’arrangent rien, mais son problème premier, celui justement qui empêche la sérénité de revenir au sein du club, c’est celui du financement.
Le nerf de la guerre manque à la JSK à cause du climat économique général de la région et du pays, et faute aussi à des règles du jeu faussées par l’État lui-même qui finance une poignée de clubs sans les autres.
Chérif Mellal a dirigé le club pendant trois ans et a fait de bons résultats sur le plan sportif (atteignant notamment la finale de la coupe de la CAF), mais il lui a été reproché à juste titre d’avoir échoué à trouver des sources pérennes de financement.
Sous son règne, les joueurs ont fait grève à plusieurs reprises, une première dans l’histoire du club. C’est le principal grief retenu pour le destituer et introniser Yazid Yarichane qui a promis de remédier à la situation.
Six mois après, le nouveau président se retrouve dans une situation similaire, peut-être pire que celle de son prédécesseur. La nouvelle équipe dirigeante a donné l’illusion d’avoir réglé les soucis financiers du club en faisant signer quelques joueurs « cotés », mais il s’avérera très vite qu’elle n’a pas les moyens de sa politique.
Il est vrai, elle a hérité d’une situation difficile et la transition ne s’est pas faite dans les meilleures conditions. Yarichane et les autres actionnaires ont peut-être mis la main à la poche pour faire démarrer la machine, mais ils ne pouvaient pas le faire indéfiniment et supporter toutes les charges d’un club de l’envergure de la JSK.
Malgré les bons résultats enregistrés en championnat, les supporters ont compris que la situation n’est pas près de se régler en voyant leur équipe évoluer avec un maillot immaculé.
La JSK n’a aucun sponsor et ça aussi, c’est une première dans l’histoire du club. Et elle est appelée à disputer les titres à des équipes prises en charge totalement par des entreprises publiques comme Sonatrach, autant dire par l’argent public.
C’est là que réside le véritable problème de la JSK. Il est inconcevable que presque tous les grands clubs du pays soient mis à l’abri du besoin et pas le plus grand d’entre eux. Une injustice que les autorités sont appelées à réparer au plus vite.