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Le maréchal Bugeaud, l’enfumeur d’Algérie, « déboulonné » de Paris

Le maréchal Bugeaud, l’enfumeur d’Algérie, « déboulonné » de Paris

L’avenue Bugeaud, du nom de ce maréchal français qui a inventé les enfumades et commis des massacres lors de la conquête de l’Algérie par l’armée française, n’existe plus à Paris.

La plaque portant son nom et qui trônait honteusement dans le 16e arrondissement de la capitale française depuis 170 ans a été enfin déboulonnée lundi 14 octobre, comme promis, par la mairie de Paris, il y a près d’une année.

C’est Hubert Germain, un résistant français contre l’occupation allemande, qui a pris sa place. Le maréchal Bugeaud est rattrapé ainsi par son passé sanglant, plus de 130 ans après sa mort en juin 1894, et 62 ans après l’indépendance de l’Algérie.

Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz a salué la décision de la maire Anne Hidalgo de « rebaptiser l’avenue au nom d’Hubert Germain, résistant et dernier compagnon de la Libération, dont nous pouvons tous être reconnaissants. »

Paris : le maréchal Bugeaud jeté aux oubliettes

Pour le recteur de la plus importante institution musulmane de France,  Paris « ne pouvait pas continuer à rendre hommage au maréchal responsable des pires massacres au début de la colonisation de l’Algérie, à cet homme qui avait pu dire : « exterminez-les jusqu’au dernier ». »

Le journaliste Jean-Michel Aphatie a réclamé à plusieurs reprises la rebaptisation de cette avenue. « Robert Thomas Bugeaud s’est comporté comme un boucher en Algérie », a-t-il dit, lui qui a signé, il y a une année, une tribune avec l’historien Olivier Le Cour Grandmaison, pour réclamer la fin de la glorification du maréchal Bugeaud en France.

Ce militaire est une figure emblématique des atrocités commises par l’armée coloniale française lors de l’invasion de l’Algérie.

Nommé gouverneur de l’Algérie en 1840, soit dix jours après l’invasion français, il eut recours à des méthodes sanguinaires pour faire à la résistance du peuple algérien. Il a rasé des villages et pratiqué les enfumades dans les grottes. Le nom du maréchal Bugeaud est lié à l’une des périodes les plus sanglantes de la colonisation française en Algérie.

Tensions politiques

Le geste de la mairie de Paris survient dans un contexte de fortes tensions politiques entre l’Algérie et la France, en raison du conflit au Sahara occidental et de la question migratoire.

L’Algérie n’a plus d’ambassadeur à Paris depuis le 30 juillet dernier. Said Moussi a été rappelé suite à la décision, dévoilée le même jour par Rabat, du président français Emmanuel Macron de reconnaître implicitement la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental occupé.

Au conflit sahraoui s’est ajouté les attaques contre l’Algérie sur la question migratoire en France. Le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau a indiqué qu’il allait engager un bras de fer avec l’Algérie sur la question relative au rapatriement des Algériens frappés d’une OQTF en France.

Il a également annoncé la volonté du gouvernement français de renégocier les accords de 1968. Ces déclarations n’ont pas été appréciées en Algérie. Le président Abdelmadjid Tebboune a dénoncé une campagne « hostile » et « haineuse » contre l’Algérie.

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