Le Maroc est sous le coup de plusieurs accusations d’avoir utilisé la menace des migrants illégaux comme moyen de pression dans ses négociations avec l’Espagne et l’Union européenne en général, rapportent plusieurs médias.
En Espagne, la députée du parti d’extrême gauche Podemos, Ione Belarra, a mis en garde le gouvernement contre les « conséquences néfastes » qu’entraînerait une coopération avec le Maroc sur la gestion des flux migratoires, rapporte le média marocain Yabiladi.
« Que le Maroc nous fasse le chien de garde de nos frontières auraient des conséquences néfastes. Ce serait une erreur commise par un pays démocratique comme le nôtre », a-t-elle estimé, affirmant que le Maroc pourrait jouer de la carte de la migration pour « faire chanter » l’Espagne sur d’autres dossiers, indique la même source.
En parallèle, la fondation porCausa qui enquête sur les questions de migration a accusé le Maroc d’avoir volontairement assoupli ses contrôles aux frontières afin de s’en servir comme levier dans les négociations menées avec l’Union européenne, rapporte Euronews. Le Maroc et l’UE négocient actuellement un accord de pêche polémique ainsi qu’une aide qui serait accordée pour soutenir Rabat à protéger ses frontières avec l’UE.
« Il est plus difficile d’en être absolument certain, mais plusieurs observateurs suggèrent que le Maroc, comme il l’a fait par le passé, utilise dans le cadre de ces négociations très sensibles », a déclaré Gonzalo Fanjul, un enquêteur de porCausa, cité par la même source.
« Traditionnellement, les forces de sécurité de l’État marocain serrent ou desserrent les vis en fonction des circonstances. L’un des éléments qui nous font penser que c’est un facteur est que dans ces flux de migrants, il y a beaucoup de Marocains. Or ces gens ne viennent pas de Libye », a-t-il en outre avancé. Une porte-parole de la Commission européenne citée par Euronews a déclaré qu’il n’y avait pour l’heure aucune preuve formelle des affirmations selon lesquelles le Maroc avait assoupli ses contrôles aux frontières.
« Les migrants ont longtemps été utilisés comme levier dans les négociations entre certains États africains et leurs homologues européens. Cela ne me surprendrait pas si un État assouplissait le contrôle de ses frontières, même si cela risque d’entraîner des noyades », a affirmé de son côté Frank McNamara, analyste politique au European Policy Centre (EPC). « De toute évidence, [les Marocains] savent qu’il y a des accords à conclure avec l’UE en ce moment, tout comme le reste de l’Afrique », a-t-il ajouté.