Le Maroc et Israël franchissent une autre étape dans la normalisation de leurs relations dans un contexte de tensions extrêmes entre Alger et Rabat.
Après les accords de coopération dans le transport aérien, le tourisme et l’industrie, les deux pays scellent un accord militaire qualifié de « sans précédent ».
Arrivé à Rabat mardi 23 novembre au soir pour une visite inédite au royaume, le ministre de la Défense d’Israël, Benny Gantz, a procédé avec son homologue marocain Abdellatif Loudiyi à la signature d’un protocole d’accord dans le domaine militaire.
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Le premier du genre entre Israël et un pays arabe. L’Etat hébreu entretient des relations diplomatiques avec plusieurs pays arabes, mais c’est la première fois qu’il signe une entente dans le domaine militaire avec l’un d’entre eux, ce qui rend cet accord « sans précédent », selon le ministère de la Défense israélien.
« Nous venons de signer un accord de coopération militaire – avec tout ce que cela implique – avec la nation marocaine. Il s’agit d’un événement très important qui nous permettra d’entrer dans des projets communs et d’autoriser les exportations [de défense] israéliennes vers ici. Je pense que les liens entre le Maroc et Israël doivent continuer à se resserrer, à se développer et à s’étendre, et je suis heureux que nous ayons un rôle à jouer dans cela », a déclaré Benny Gantz après la cérémonie de signature.
L’accord formalise la coopération déjà effective entre les deux pays dans le domaine militaire et du renseignement. Il lance formellement la coopération sécuritaire « sous tous ses aspects » face aux « menaces et défis dans la région », a indiqué la partie israélienne.
Formaliser une coopération déjà effective
« Cela permettra le début d’une coopération officielle en matière de sécurité entre les deux pays. L’accord comprend la formalisation du partage de renseignements et permettra d’établir des liens entre leurs industries de la défense, les achats de défense et les exercices conjoints », écrit le journal Times of Israel.
Le Maroc pourrait d’ores et déjà passer quelques commandes d’armement israélien.
Il s’agit selon le journal français l’Obs, de systèmes de missiles à courte et moyenne portée, de véhicules blindés, de chars et de drones. Citant le site Globes, le journal ajoute que le Maroc pourrait également acquérir le Skylock Dome, « un dispositif complet anti-drones qui permet de protéger un territoire ou des infrastructures contre toute incursion ».
Un projet de fabrication de drones kamikazes sur le sol marocain serait également en discussion. L’accord vise par ailleurs à officialiser la fourniture par les services israéliens de matériel d’espionnage et de surveillance, étant donné que la vente de ce genre d’équipement nécessite l’aval du ministère de la Défense.
Le logiciel Pegasus, développé par la société israélienne NSO et par lequel le Maroc a espionné des milliers de téléphones d’opposants et de responsables étrangers notamment algériens, était fourni aux services marocains de manière discrète.
Cet accord permettra « une coopération plus fluide entre leurs ministères de la Défense et facilitant pour Israël la vente d’armes au royaume du Maroc », écrit Times of Israel, et les ministères de la Défense des deux pays pourront plus facilement se partager des renseignements, « alors que dans le passé, une telle communication n’était possible que via leurs services de renseignement respectifs ».
C’est aussi une première, Benny Gantz est accompagné dans son voyage au Maroc par des militaires israéliens en exercice, en uniforme. « Trois officiers de Tsahal du cabinet du ministre faisaient partie de la délégation, dont deux d’origine marocaine », rapporte le même média.