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Le Maroc, éternel enfant gâté de l’Europe

Le Maroc, éternel enfant gâté de l’Europe

On ne sait pas encore quelles conséquences aura le scandale de corruption de députés européens par des États étrangers, mais jusque-là, le Maroc, principal pays impliqué, est épargné.

Jeudi, le Parlement européen a adopté une résolution condamnant le Qatar pour avoir soudoyé certains de ses membres, mais a rejeté un amendement prévoyant des mesures similaires contre le Maroc.

Pourtant, l’enquête menée par le parquet fédéral belge et les témoignages recueillis par la presse ont établi clairement l’implication d’agents du royaume dans cette affaire de corruption à grande échelle.

| Lire aussi : « État hors-la-loi » : le Maroc a coché la dernière case 

Ce que la presse européenne s’est précipitée d’appeler le « Qatargate » est en fait un « Moroccogate » tant ce sont les Marocains qui ont mis en place « le système » de corruption dans lequel les Qataris n’ont fait que s’engouffrer.

Ce n’est pas la première fois que le Maroc s’enhardit de la sorte vis-à-vis de ses partenaires étrangers, particulièrement européens, et qu’il s’en sort à bon compte.

Pendant l’été 2021, la presse mondiale a révélé un scandale retentissant d’espionnage impliquant les services marocains. Ces derniers ont utilisé pendant plusieurs années le logiciel espion israélien Pegasus pour écouter des opposants et des journalistes ainsi que des personnalités politiques et militaires étrangères. Les Marocains ont poussé l’audace jusqu’à espionner le téléphone personnel du président français Emmanuel Macron.

Beaucoup d’observateurs expliquent le froid qu’ont traversé ces derniers mois les relations franco-marocaines par cet acte inconsidéré, mais force est de relever que la riposte française n’a pas été à la hauteur de la gravité des faits.

Avant d’être pris la main dans le sac dans cette large opération  d’espionnage, le Maroc s’était attaqué à l’Allemagne dont il n’appréciait pas la position sur la question du Sahara occidental, avant de forcer la main à l’Espagne dans ce même dossier en usant d’un incroyable chantage migratoire.

Le Maroc, un « pays allié et sûr » pour l’Europe

En mars dernier, le gouvernement de Madrid a effectué un revirement historique dans sa position en apportant son appui au plan d’autonomie marocain.

Avant d’en arriver là, le Maroc avait lâché au moins à deux reprises sa « bombe migratoire » en laissant des milliers de migrants prendre d’assaut les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla en mai 2021 puis en mars 2022. Là aussi, hormis une résolution non contraignante du Parlement européen, le vieux continent n’a rien dit.

Après la réconciliation avec l’Espagne, la police marocaine a montré un grand zèle dans la protection des frontières des deux enclaves, commettant, en juin 2022, un véritable carnage qui a coûté la vie à des dizaines de migrants subsahariens aux portes de Melilla. La tuerie n’a pas fait davantage bouger l’Europe.

Toutes ces bravades ont eu lieu après la conclusion des accords de normalisation avec Israël en décembre 2020. Les accords, signés sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump, prévoyaient en outre la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

Mais ce n’était visiblement pas la seule contrepartie. Du moins, les Marocains escomptaient une impunité encore plus grande et c’est ce que laisse déduire leur attitude qui a suivi immédiatement la transaction.

Il est vrai que le royaume s’est davantage enhardi après décembre 2020, mais ses dérapages et l’indulgence de l’Europe et de l’Occident à son égard sont antérieurs à cette date.

Pendant plusieurs décennies, le pouvoir marocain a multiplié les atteintes aux droits de l’Homme en interne et les pieds de nez au droit international dans le dossier du Sahara occidental qu’il occupe illégalement depuis le milieu des années 1970.

Avant les États-Unis de Donald Trump, ses soutiens dans cette entreprise coloniale se comptaient parmi les grands pays d’Europe occidentale.

Cette indulgence dont bénéficie le royaume peut s’expliquer par le statut de « pays allié et sûr » dont bénéficie le Maroc auprès des pays occidentaux.

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