Société

Le Maroc face à un nouveau scandale après le choc de la grande évasion

Un nouveau scandale secoue le Maroc après la diffusion d’images montrant les mauvais traitements infligés aux jeunes migrants qui ont tenté de prendre d’assaut l’enclave espagnole de Ceuta, dimanche 15 septembre.

Suite à un appel lancé sur les réseaux sociaux, des milliers de jeunes ont afflué sur la ville marocaine de Fnideq, d’où ils ont tenté d’entrer en masse à Ceuta. Avant même la date convenue pour cet assaut, soit dimanche 15 septembre, les autorités marocaines ont mobilisé un impressionnant dispositif de sécurité.

Les internautes ont partagé des images montrant des files interminables de véhicules de police, de gendarmerie et des forces auxiliaires.

Les accès à la mer ont été hermétiquement fermés au niveau du littoral de Fnideq. Selon de nombreux observateurs, une telle mobilisation est sans précédent au Maroc. Pendant plusieurs jours, des affrontements ont éclaté entre les migrants clandestins et les forces de l’ordre. Des centaines d’arrestations ont été effectuées.

Les images choquantes de la répression contre les migrants

Le scandale de cette tentative de fuite collective de la jeunesse marocaine est vite suivi d’un autre. Les jeunes migrants arrêtés ont été maltraités et torturés, selon de nombreux témoignages. Des photos et vidéos qui l’attestent ont été partagées sur les réseaux sociaux.

On peut y voir notamment des dizaines de jeunes presque nus et parqués par terre comme des animaux. Certains de ces jeunes portent des traces de violences sur leurs dos, d’où les accusations de torture contre les forces de l’ordre marocaines.

La section de Nador de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), a dénoncé la poursuite des  « crimes contre les enfants et les jeunes marocains ».

Des « traitements cruels, humiliants et dégradants » ont été infligés à des « citoyens marocains qui n’ont commis aucun crime en l’absence d’enquête et de responsabilisation », a dénoncé l’AMDH qui accuse le gouvernement de Rabat de chercher à plaire au gouvernement espagnol de Pedro Sanchez.

 

De très nombreuses images du genre ont fuité et il est difficile pour les autorités et leurs relais de nier ce qui s’est passé dans les locaux des services de sécurité pendant cette grande évasion. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Traitements inhumains pour les jeunes marocains arrêtés au cours de la grande évasion 

Des médias proches du Palais royal ont dénoncé des fakenwes, mais le procureur du roi près la cour d’appel de Tetouan a annoncé l’ouverture d’une enquête. Mais les Marocains sont sceptiques.

“A la fin de l’enquête, le parquet va-t-il poursuivre les personnes qui ont infligé ce traitement inhumain ou celles qui ont diffusé ces photos ?”, s’est interrogé un internaute sur X.

Il semble en effet que ce sont ceux qui ont divulgué le scandale qui se retrouvent dans le viseur de la justice. “Le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Tétouan annonce que le ministère public a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire pour vérifier la véracité de ces faits et les circonstances de la publication de ces photos”, écrit le 360.ma, citant le communiqué du parquet.

Ce site a écrit que les images des jeunes marocains torturés dataient de la violente répression qui s’est abattue sur les migrants en juin 2022.

Il faut souligner que les auteurs de la violente répression qui s’est abattue sur des migrants dans des circonstances similaires aux portes de Melilla en juin 2022, ayant fait au moins 37 morts, n’ont jamais été poursuivis par la justice marocaine. 

Les services de sécurité ont semble-t-il le feu vert pour réprimer par tous les moyens toute tentative de s’approcher des deux enclaves espagnoles depuis que Rabat a accepté de faire le gendarme dans la lutte contre la migration clandestine en contrepartie de l’alignement de l’Espagne sur les thèses marocaines dans le dossier du Sahara occidental en mars 2022.

Avant ce revirement, le Maroc exerçait au contraire un chantage à la “bombe migratoire”. En mai 2021, plus de 10 000 migrants ont pu entrer avec une étrange facilité dans la ville de Ceuta.

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