Le mouvement de contestation sociale qui a agité le nord du Maroc a fait 902 blessés chez les forces de l’ordre et environ deux millions d’euros de dégâts, selon un bilan présenté mardi lors du procès de militants du “Hirak” à Casablanca.
Un total de 54 accusés sont jugés depuis mi-septembre par la cour d’appel de Casablanca pour différents motifs, parfois très mineurs, parfois très graves, comme celui “d’atteinte à la sécurité de l’Etat” qui vise le meneur Nasser Zefzafi, 39 ans.
Certains encourent des peines pouvant aller théoriquement jusqu’à la peine de mort.
Dans une intervention fleuve consacrée à des questions de pure forme, Mohamed El Husseini Kerrout, un des avocats représentant l’Etat -partie civile dans ce procès-, a chiffré mardi les dégâts matériels à “plus de 20 millions de dirhams” (1,9 M EUR).
Un total de “604 policiers, 178 éléments des forces auxiliaires et 120 gendarmes ont été blessés” durant les manifestations, a-t-il ajouté.
Le mouvement du Hirak a secoué pendant plusieurs mois le Rif, une région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée que les protestataires jugent “marginalisée”.
La plupart du temps pacifiques, les manifestations ont quelques fois été marquées par des heurts entre forces de l’ordre et protestataires, avec des blessés des deux côtés.
L'”approche sécuritaire” adoptée par les autorités a été vivement critiquée par des associations de défense des droits de l’Homme, qui ont dénoncé la “répression” du mouvement et des tortures qu’auraient subi certains des meneurs après leur arrestation.
Human Rights Watch avait appelé le roi Mohammed VI à ordonner une enquête “sérieuse et probante” sur les accusations de violences policières, en lui reprochant d’avoir “dédouané les forces de l’ordre de toute responsabilité dans les troubles”.
Les autorités marocaines ont arrêté depuis le mois de mai “des centaines de manifestants” et “au moins 410 sont actuellement détenus”, selon le dernier bilan d’Amnesty International qui demande la libération de ces “prisonniers de conscience”.
D’autres régions déshéritées du Maroc ont été le théâtre de mouvements similaires, avec des “manifestations de la soif” à Zagora (sud), et des rassemblements pour l’emploi dans l’ex-cité minière de Jerada (nord-est) ces deux dernières semaines.