L’Edition en ligne de Sputnik, l’agence d’information russe, a repris récemment l’analyse alarmiste d’un « expert » marocain en géopolitique qui affirme, dans une analyse farfelue et politiquement motivée, qu’une agression de l’armée algérienne contre le Maroc n’est pas à exclure.
Cet « expert », qui pousse des cris d’orfraie, a la mémoire bien courte. Il oublie sciemment que c’est son pays – qui cultive maladivement l’irrédentisme autour de la notion du « grand Maroc » – qui a lâchement agressé, en octobre 1963, un voisin et un peuple « frère » qui venait à peine de sortir d’une longue et éprouvante lutte de libération nationale ;
il semble également oublier que son pays continue, aujourd’hui, de nous mener une véritable guerre d’agression à travers les flots ininterrompus de la drogue soutenus par l’implication active de réseaux parapublics ;
Bien entendu, il se garde bien d’évoquer la planification en cours pour la construction d’une base militaire accolée à notre frontière (soudainement déguisée en simple caserne, pour continuer gentiment à cultiver le rôle de composition d’un pays attaché à la règle du bon voisinage).
Tout comme il se garde bien de rappeler que les théoriciens et stratèges militaires de son pays considèrent l’Algérie comme un ennemi permanent et se préparent, en conséquence, à en découdre en adoptant le concept latin belliqueux de « si vis pacem para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre) dans leurs analyses et recommandations guerrières.
En fait, derrière cette théâtralisation faussement dramatique, l’expert en question révèle l’état d’esprit des décideurs marocains qui sont désarçonnés par la future constitutionnalisation de la participation de l’ANP aux opérations de maintien ou de restauration de la paix sous l’égide de l’Onu ou dans le cadre d’accords bilatéraux.
Ceci, parce que l’Algérie est sur le point de briser un faux carcan, érigé en doctrine militaire (bâtie plus sur l’inhibition institutionnelle que sur des limites constitutionnelles fantasmées), qui devrait lui permettre de renforcer, de manière décisive, son influence diplomatique et sa capacité de négociation globale pour tout ce qui concerne la stabilité et la sécurité dans notre région.
C’est ce retour, tant attendu, d’un grand pays qui sera appelé à assumer pleinement son rôle de pays pivot et de puissance régionale dont il possède tous les attributs, qui gêne et déstabilise notre voisin de l’ouest et pousse ses porte-voix à accoucher de scenarii fumeux pour instiller, à coups de manipulations grossières à propos du hirak et de la question du Sahara occidental, les germes anticipatifs de cette nouvelle théorie de la victimisation.
Ainsi, le Maroc, qui participe, depuis les années 1960, à de nombreuses opérations de maintien de la paix conduites sous l’égide de l’Onu, de l’OTAN (Bosnie, Kosovo) ou dans le cadre d’accords bilatéraux (Emirats arabes unis, Arabie saoudite ou au Yemen contre les Houthis) s’autorise, dans sa constitution, à « réaffirmer sa détermination à œuvrer pour le maintien de la paix et la sécurité dans le monde » mais veut tout simplement en denier le droit à l’Algérie en promouvant ce genre d’analyse, peu sérieuse, qui ne trompe personne.
Contrairement aux affabulations de cet « expert » en (im)posture victimaire, qui veut mobiliser, à titre préventif, le ban et l’arrière ban des protecteurs potentiels du royaume (sic), il est intéressant de relever que dans sa nouvelle stratégie de défense intégrée, l’establishment marocain cultive, avec une constance alarmante, une nostalgie historique en rêvant de « l’empire du Maroc qui renaitrait de ses cendres ». S’il y a danger pour la région, il est bien là, chevillé aux velléités expansionnistes invétérées du makhzen.
Velléités expansionnistes invétérées du Makhzen (l’article 42 de la constitution marocaine évoque l’intégrité territoriale du Maroc dans ses frontières “authentiques”)