Les autorités marocaines n’ont visiblement pas digéré la neutralité de la Tunisie lors du vote de la dernière résolution du conseil de sécurité des Nations-Unies sur le Sahara occidental.
Après les attaques dans la presse du royaume, le Maroc est passé aux représailles commerciales. C’est du moins le sens que donnent les observateurs à la décision marocaine de réviser l’accord de libre-échange avec la Tunisie.
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Fin octobre dernier, la Tunisie et la Russie étaient les seuls membres du conseil de sécurité à s’abstenir lors du vote d’une résolution sur le Sahara occidental, jugée favorable au Maroc, et qui a été dénoncée par l’Algérie. L’attitude de la Tunisie avait alors été qualifiée de « coup de poignard » par la presse marocaine.
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Le Collimateur.ma avait promis de son côté que « le peuple marocain a une mémoire et n’oubliera peut-être jamais le faux bond tunisien, pour ne pas dire le « coup de poignard » planté dans le dos de son pays ».
L’accord de libre-échange révisé
Moins de trois mois après le vote, le temps des représailles est semble-t-il venu.
Le Maroc vient en effet de décider de procéder à la révision de l’Accord de libre-échange (ALE) avec la Tunisie, en y excluant une liste composée de 18 catégories de produits, officiellement « dans le but de protéger son tissu industriel et de protéger les emplois ».
Selon Aujourd’hui Le Maroc, après la Turquie, des listes négatives seront instaurées avec la Tunisie et l’Egypte.
« Ces listes incluent un ensemble de produits provisoirement exclus du démantèlement tarifaire appliqué depuis l’entrée en vigueur des ALE avec ces pays », indique la même source.
La liste négative avec la Tunisie comprend les tapis, les tapisseries et les articles d’entretien comme les serpillières, lavettes et chamoisettes.
En plus de cette liste négative, a ajouté Aujourd’hui le Maroc, un nombre considérable de produits tunisiens est soumis à une taxe unique de 17,5%, couvrant de nombreuses catégories de produits qui vont de l’agroalimentaire aux produits de bâtiment, en passant par les jouets et stylos, en plus des meubles pour bureaux.
La mesure a pris de court les opérateurs tunisiens, qui y voient un « acte injustifié », et demandent l’appui de leur gouvernement, rapporte le 360.ma. Pour eux, c’est un autre coup dur pour le projet d’intégration maghrébine.
« Actes hostiles »
« Le rêve du grand Maghreb et du grand marché maghrébin s’évapore jour après jour. La décision des autorités marocaines porte un coup dur pour les exportateurs tunisiens et le partenariat entre les 2 pays », a réagi Maher Ben Aissa, vice-président de la Chambre de commerce tunisienne, cité par le même journal.
Avec les représailles à l’égard de la Tunisie, le Maroc poursuit sa politique belliqueuse au Maghreb, et ce après une série « d’actes hostiles »contre l’Algérie, qui ont culminé le 1er novembre dernier, avec l’assassinat de trois routiers algériens, dans une frappe marocaine à la frontière entre le Sahara occidental et la Mauritanie.
Début janvier, trois Mauritaniens ont été tués dans des conditions similaires et dans la même zone. Le 24 août dernier, l’Algérie a décidé de rompre ses relations avec le Maroc, après une série d’actes hostiles du royaume, dont le soutien qu’il a apporté publiquement au MAK.