Les sujets de discorde ne manquent pas entre le Maroc et l’Espagne, à commencer par le statut des enclaves de Ceuta et Melilla ou encore la question migratoire.
Un ancien militaire espagnol de haut rang n’y va pas par des chemins détournés pour désigner le royaume comme le danger qui menace directement son pays, jugeant même qu’un conflit armé entre les deux parties finira par se matérialiser.
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Fernando Alejandre était chef d’état-major de la défense espagnole entre 2017 et 2020.
Dans un livre qu’il vient de publier intitulé « Roi servi et pays honoré », il évoque son passage à la tête des armées de son pays, les réformes qu’il a tenté de mener, ses différends avec les politiques et les défis sécuritaires qui se posent à l’Espagne.
Pour lui, la menace la plus directe c’est le Maroc, situé à quelques kilomètres de la péninsule ibérique, sur la rive sud de la Méditerranée.
Le Maroc réclame les enclaves de Ceuta et Melilla, sous souveraineté espagnole et tente d’influencer la position de l’Espagne sur le dossier du Sahara occidental, n’hésitant pas à exercer un chantage à « la bombe migratoire ».
Parallèlement, la monarchie du Maghreb renforce ses capacités militaires, notamment depuis la normalisation, en décembre 2020, de ses relations avec Israël avec lequel un protocole de coopération militaire été signé en novembre dernier.
Dans son livre, le général Alejandre souligne le rôle du Maroc et ses investissements croissants dans l’armement.
Il estime que cette menace se concrétisera « le moment venu ».
Cela se fera d’abord à travers des incidents comme « les assauts à la frontière », comme ceux vécus régulièrement par les deux enclaves, puis, plus tard, par un conflit armé plus conventionnel, c’est-à-dire une confrontation militaire directe.
Les « assauts à la frontière » ont déjà commencé
L’ancien chef d’état-major de l’armée espagnole exclut qu’une telle évolution puisse se produire à court terme, mais considère qu’il s’agit d’une menace « sérieuse » qui ne doit pas permettre « une minute de détente » ni retarder la préparation de la riposte.
Si le conflit armé direct ne risque pas de survenir dans l’immédiat, les assauts à la frontière dont parle le général Alejandre ont commencé depuis plusieurs années et se répètent régulièrement.
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Le plus mémorables c’est celui de mai 2021 lorsqu’une dizaines de milliers de migrants, dont des mineurs non accompagnés, sont entrés dans les deux enclaves espagnoles, notamment celle de Ceuta.
Les autorités marocaines ont été accusées d’avoir laissé faire pour exercer une pression sur l’Espagne qui recevait sur son sol pour des soins, le président de la République sahraouie Brahim Ghali.
Cet acte a valu au Maroc une résolution de condamnation par le Parlement européen.
La semaine passée, 3700 migrants ont tenté d’entrer de force dans l’enclave de Melilla.
« Durant ces dernières semaines, les rapports des services de renseignement ont mis en garde contre les agissements du Maroc qui a cessé de contrôler les camps de migrants subsahariens situés de l’autre côté de la frontière, en attendant une opportunité » pour les instrumentaliser, a écrit le journal El Espanol à propos de cet énième incident.