Un comité de soutien à Hadda Hazem, directrice du quotidien El Fadjr, est né, ce samedi 18 novembre, en marge d’un rassemblement la Maison de la presse Tahar Djaout. Composé de journalistes, de militants associatifs et de lecteurs, le comité envisage de se déplacer en délégation, ce dimanche 19 novembre, pour rencontrer le ministre de la Communication, Djamel Kaouane.
« Le comité de soutien est né. C’est un premier acquis. Nous avons tardé parce que Hadda Hazem est à son sixième jour de la grève de la faim. Le comité a été efficace et a déjà défini son plan d’action. Nous saisissons le ministère de la Communication pour qu’il réagisse très vite. Nous nous présentons demain à ce ministère pour faire en sorte qu’il ait une réaction des pouvoirs publics. Cette situation ne peut plus durer. Il faut qu’il ait une réponse aux revendications du journal El Fadjr et à sa directrice. Il faut créer de la pression », a déclaré à TSA, El Kadi Ihsane, directeur de Maghreb Emergent, membre du comité.
Lundi 20 novembre, un rassemblement aura lieu à 11h30, à la Maison de la presse Tahar Djaout, pour rendre compte publiquement des actions menées auprès du ministère de la Communication et décider des mesures à prendre. « Nous espérons que d’ici là, les choses bougeront rapidement. Au-delà de ce côté urgent, nous avons décidé de lancer un débat sur le monopole de la publicité publique qui est devenue aujourd’hui une entrave à la diversité de la presse », a estimé El Kadi Ihsane.
Hmida Layachi, journaliste et écrivain, a précisé, de son côté, que le lancement d’un comité est une initiative de journalistes et de membres de la société civile pour soutenir Hadda Hazem et le personnel du journal El Fadjr, menacé de fermeture en raison de difficultés financières.
Chantage à la publicité
El Fadjr ne reçoit plus de publicité depuis août 2017. Hadda Hazem a parlé d’entreprise de « mise à mort » du quotidien après ses déclarations critiques sur la chaîne France 24 et ses interrogations sur « le centre de décision » en Algérie.
« Nous sommes très préoccupés par la détérioration de l’état de santé de Hadda Hazem. Nous voulons que cet arbitraire et cette hogra qui touchent El Fadjr disparaissent. Nous ne demandons pas de quota de réclame pour le journal. Le monopole sur la publicité publique doit cesser. Comme doivent cesser, les pressions exercées sur les annonceurs privés. Nous allons donc nous adresser à la partie directement concernée qui est le ministère de la Communication », a souligné Hmida Layachi.
Il a appelé à une mobilisation générale de la presse en vue d’assister au rassemblement de lundi 20 novembre. Plusieurs propositions ont été émises lors du débat entre les membres du comité et l’assistance, réunis dans une salle dans les locaux du journal El Fadjr.
Malika Abdelaziz, journaliste, a proposé une grève de la faim tournante alors que Hacen Ouali, également journaliste, a évoqué la nécessité de sensibiliser l’opinion publique sur la liberté de la presse et sur la liberté d’expression en expliquant davantage l’affaire El Fadjr. Il a suggéré d’organiser une journée sans presse. « Le comité de soutien à Hadda Hazem doit être ouvert à tous les citoyens », a proposé El Kadi Ihsane. « Il est important de briser la muraille psychologique de la peur », a lancé Hmida Layahci.
Hadda Hazem très affaiblie
Hadda Hazem, allongée sur un divan dans son bureau au journal El Fadjr, est apparue très affaiblie. Entourée d’amis et de confrères, elle a confié qu’elle est fatiguée. « Votre message est arrivé. Il ne faut pas mettre votre vie en danger. Il faut cesser la grève de la faim », a lancé un journaliste. « Mon médecin m’a dit de s’arrêter. Hier, j’ai compris mes limites. Je me suis totalement effondrée. J’avais beaucoup de palpitations au cœur. Aujourd’hui, je me sens mal. Je ne sais pas ce qui va se passer après», a-t-elle dit.
Vendredi soir, la directrice d’El Fadjr a été évacuée à l’hôpital pour des soins d’urgence. Mais, elle semble décidée à poursuivre son mouvement de contestation alors que les pouvoirs publics n’ont toujours pas réagi à sa grève de la faim, largement évoquée par la presse nationale et internationale.
«Le problème n’est plus celui d’El Fadjr ou de la pub donnée à El Fadjr. C’est un droit. Je ne suis pas rentière. Je n’ai pas besoin d’argent contrairement à ce que disent certains. Le citoyen a le droit d’avoir une information diversifiée. El Fadjr est différent dans sa ligne éditoriale des autres journaux arabophones. Notre journal milite pour l’ouverture sur le monde, sur les cultures et sur les peuples. Notre journal refuse de faire le marketing pour l’islam politique. Je n’accepte pas que notre journal meure, je refuse de me taire ou que quelqu’un me dicte ce que je dois dire», a-t-elle déclaré.
Hadda Hazem s’est dit renforcée par le soutien et l’encouragement apporté par les confrères journalistes, les lecteurs et les amis de la presse.