Le Mouvement de société pour la Paix (MSP) a rendu publique ce mercredi son initiative « du consensus national ».
Après des rencontres marathoniennes tenues au début de l’été entre le président du parti Abderrezak Makri et des représentants de la classe politique, le MSP a fini par dévoiler les contours de sa démarche politique. Concrètement, en quoi consiste l’initiative ?
De prime abord, l’on retient que le MSP a évacué de son vocabulaire politique, par concession ou par conviction, la problématique liée à la légitimité ou non du pouvoir et des institutions élues. Pour l’initiative, « le respect des institutions de l’État algérien, de la Constitution et des échéances électorales » constitue l’un des principes fondamentaux du consensus national.
Le MSP corrige également sa vision par rapport au rôle de l’armée dans la vie politique. Tout en défendant l’instauration d’un « système politique civil », le parti a appelé « à ne pas mêler l’armée aux enchevêtrements partisans et politiques ».
Fort de ces deux propositions, le MSP semble tendre la main au pouvoir pour un rapprochement politique avec le risque de perdre une partie de l’opposition qui conteste « la légitimité du pouvoir en place ». Une équation difficile à résoudre, d’autant plus que Makri ne fait pas de propositions concrètes à l’adresse de l’opposition dans son initiative qui s’étale sur 11 pages.²
Les étapes du « Consensus national »
L’initiative telle qu’elle a été conçue et réfléchie par le MSP est liée étroitement aux présidentielles de 2019. D’ailleurs, et selon les instigateurs de cette démarche, c’est « le candidat consensuel aux élections présidentielles de 2019 qui va diriger le projet de consensus national si toutefois il remporte le scrutin ». Et c’est au Premier ministre « consensuel » de « concrétiser les réformes politiques et économiques ».
Mais avant d’en arriver à cette étape, il faudra bien évidemment se mettre d’accord sur le président du consensus. L’on ne retrouvera aucun élément de réponse dans la copie de Makri quant aux mécanismes et aux critères avec lesquels cela se ferait.
Rappelons que les partis du pouvoir ont annoncé clairement leur soutien à la candidature du président Abdelaziz Bouteflika, sans revenir à Makri ni à aucune autre personnalité de l’opposition. L’opposition n’a d’ailleurs pas tranché la question de sa participation ou non au scrutin de 2019, sans oublier que Makri avait présenté son parti comme un leader potentiel de l’opposition aux prochaines élections présidentielles.
Si Abderrezak Makri ne donne pas les outils politiques de sa démarche, il n’empêche qu’il s’est attardé sur des détails techniques, notamment en ce qui concerne « l’organisation d’une réunion politique pour l’annonce officielle de la charte du consensus ».
Cette dernière sera mise en application « à l’occasion des présidentielles de 2019 », ajoute le document. Le MSP avec ses partenaires « s’engageront à respecter le consensus national pendant le mandat du président du consensus (2019/2024) « quels que soient les résultats des élections législatives ». Un point qui suscitera sans aucun doute des réactions mitigées au sein de l’opposition.
« Les atouts » du consensus, selon le MSP
Le parti est optimiste sur la suite qui sera donnée à son initiative. C’est ce qu’il ressort de la copie révélée ce matin, sur laquelle l’on s’étale sur les éléments positifs pouvant conduire à la réussite de l’initiative.
Pour le MSP, la classe politique « est unanime à mesurer la gravité et la difficulté de la situation politique, économique et ses répercussions sur le front social. Il met en avant le soucis des Algériens à préserver la stabilité et l’unité nationale ». Le parti compte sur « la bonne relation entre les différents acteurs politiques ».
Et si l’initiative échoue…
Le MSP remettra sur le tapis son initiative de consensus national après les élections présidentielles à la faveur des résultats du scrutin, selon la même source. Makri fait durer le suspense sur sa participation ou non à cette échéance, promettant toutefois de « placer le consensus » au cœur du discours électoral du parti en cas de sa participation aux élections de 2019.