Le mystère ne se dissipe pas autour des « attaques acoustiques » contre des diplomates des Etats-Unis à Cuba, mais l’affaire prend une nouvelle ampleur: Washington a révélé jeudi que ces « incidents » inédits avaient affecté la santé d’au moins 16 Américains.
Si les attaques ont désormais cessé, « nous ne savons pas qui les a perpétrées », a déclaré la porte-parole du département d’Etat américain Heather Nauert. Mais « c’est sans précédent », « nous n’avons jamais été confrontés à de telles choses par le passé ».
Cette mystérieuse affaire n’a été dévoilée que début août, mais elle remonte à plusieurs mois: les premiers « symptômes physiques » ont été signalés fin 2016 et, dès le 23 mai, sans attendre d’y voir plus clair, les Etats-Unis ont décidé dans une première riposte l’expulsion de deux diplomates cubains en poste à Washington.
Les autorités américaines restent très avares en précisions sur les circonstances et l’étendue de ce qu’elles appellent « attaques contre l’intégrité physique » de leurs diplomates. Elles n’avaient jusqu’ici pas dit combien de ressortissants américains étaient concernés.
« Au moins 16 employés du gouvernement américain, membres de la communauté de notre ambassade » à La Havane, « ont ressenti certains symptômes », a finalement annoncé jeudi la porte-parole de la diplomatie américaine. Ils « ont reçu des soins médicaux aux Etats-Unis ainsi qu’à Cuba », a-t-elle ajouté, sans préciser combien d’entre eux avaient dû être rapatriés.
Certains de ces diplomates « ont choisi de rester sur place » et « sont encore là-bas », avait-elle dit la veille.
– Enquêtes en cours –
Heather Nauert a toutefois refusé une fois de plus de décrire les symptômes ressentis, et n’a pas souhaité commenter les informations de la chaîne de télévision américaine CBS News selon lesquelles un médecin américain a diagnostiqué certains cas de légères lésions cérébrales d’origine traumatique.
Jusqu’ici, seule une perte d’audition avait été évoquée par le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson ainsi que par le Canada, dont un des diplomates en mission à Cuba est également concerné.
Le brouillard reste aussi dense autour des assaillants et leur mode opératoire.
Interrogé le 11 août sur ces « attaques acoustiques », menées selon des médias américains avec des appareils soniques sophistiqués déployés à l’intérieur ou à l’extérieur de la résidence de plusieurs diplomates, Rex Tillerson s’était borné à appeler les autorités cubaines à faire « la lumière » sur leurs auteurs. La Havane a d’ores et déjà annoncé avoir lancé une enquête « exhaustive, prioritaire et urgente », tout comme Washington dont les investigations sont toujours en cours.
Dans un premier temps, les Etats-Unis ont donc discrètement pris une mesure de représailles, au printemps, en expulsant deux diplomates cubains. Mais Washington ne semble pas penser, pour l’instant, que La Havane, qui a longtemps qualifié de « nid d’espions » la mission diplomatique américaine à Cuba, soit directement derrière les attaques.
« Nous considérons que les Cubains sont responsables comme tout pays hôte est responsable de la sécurité et de l’intégrité physique des diplomates qui se trouvent sur son territoire », avait justifié début août le chef de la diplomatie américaine. « Nous ne pouvons pas accuser à ce stade un pays ou qui que ce soit », avait renchéri sa porte-parole.
Cette affaire intervient toutefois dans un climat déjà tendu entre les Etats-Unis et Cuba. Les deux pays, ennemis de longue date, n’ont rétabli leurs relations diplomatiques qu’en 2015 après un demi-siècle de rupture.
Mais la situation s’est déjà de nouveau dégradée avec l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, qui a durci le ton face à La Havane, portant un coup au rapprochement initié par son prédécesseur Barack Obama.