Le journal américain le New York Times a consacré son éditorial du mardi 5 mars au mouvement populaire qui se déroule en Algérie contestant au président sortant Abdelaziz Bouteflika de se présenter pour un cinquième mandat.
« On peut au moins dire ça au sujet du président Abdelaziz Bouteflika alors qu’il se présente pour un cinquième mandat le mois prochain : il est en vie. C’est du moins ce que son ambassadeur en France a ressenti le besoin de préciser ce lundi alors que M. Bouteflika, 82 ans, qui était pratiquement hors de vue après avoir été victime d’un AVC en 2013, est actuellement soigné dans un hôpital de Genève », écrit le journal américain, avec un brin d’ironie.
« Contrairement aux anciens soldats, il refuse de disparaitre, plongeant son État d’Afrique du Nord riche en pétrole et en gaz dans la crise », estime le New York Times, l’un des médias les plus importants de la planète. « Le directeur de campagne de M. Bouteflika a présenté ce samedi sa candidature en son nom, ce qu’il ne pouvait faire depuis sa chambre d’hôpital à Genève. Ce genre de technicités n’a pas embêté son gouvernement depuis un moment déjà. Le président Bouteflika est connu comme étant ‘’le cadre’’ car il est en général visible en public seulement à travers des portraits encadrés », écrit le quotidien américain.
« Les signatures étaient accompagnées d’une lettre au peuple algérien provenant supposément du président qui a été lue sur la télévision d’État. ‘’J’ai entendu le cri de cœur des manifestants et en particulier celui des milliers de jeunes qui m’ont interpelé sur le futur de notre pays’’, dit la lettre. Faux, lui ont répondu les jeunes en ressortant dans les rues le soir même », indique le New York Times.
« Leur argument est direct : M. Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, ne peut pas diriger le pays et ne l’a probablement pas fait depuis quelque temps. Les manifestants ont vu la lettre de M. Bouteflika comme rien de plus qu’un stratagème par le pouvoir pour gagner du temps en attendant de trouver le moyen de garder le contrôle », affirme le journal américain.
« Les membres de la clique contrôlant l’Algérie, y compris M. Bouteflika s’il est toujours lucide, ont conscience de ce qui est arrivé aux régimes voisins durant le Printemps arabe, et ce qui pourrait leur arriver s’ils refusent de s’estomper. M. Bouteflika a promis une conférence nationale, peut-être le temps de la convoquer est maintenant, avant les prochaines élections », conclut le New York Times.