Le prix Nobel de littérature a récompensé jeudi l’écrivain britannique d’origine japonaise Kazuo Ishiguro, auteur des “Vestiges du jour”, qui succède au poète-musicien américain Bob Dylan.
Kazuo Ishiguro, 62 ans, “a révélé, dans des romans d’une puissante force émotionnelle, l’abîme sous notre illusoire sentiment de confort dans le monde”, a commenté la secrétaire perpétuelle de l’Académie suédoise, Sara Danius, au moment de l’annonce rituelle sous les ors de la salle de la Bourse à Stockholm.
Son roman le plus connu, “Les vestiges du jour” (1989), porté au cinéma en 1993 par James Ivory avec Anthony Hopkins et Emma Thompson, a été salué par le prestigieux Man Book Prize qui récompense une oeuvre de langue anglaise.
“Si on mêle Jane Austen et Kafka, on obtient Kazuo Ishiguro”, a ajouté Sara Danius.
Kazuo Ishiguro confirme l’écrasante domination des anglophones au palmarès du prix Nobel de littérature, avec 29 lauréats contre 14 francophones.
Il succède à Bob Dylan dont le sacre l’an dernier avait ravi ses fans et mécontenté les gardiens du temple Nobel.
Les académiciens suédois étaient très attendus par une partie de la critique qui n’avait pas digéré le sacre de l’Américain, premier musicien primé et lauréat a priori peu accordé aux canons du prix créé par l’inventeur suédois Alfred Nobel.
Tandis que le Nobel échappe édition après édition à des écrivains ou poètes aussi établis que Philip Roth, Margaret Atwood, Claudio Magris, Adonis, Milan Kundera et Haruki Murakami, les immortels suédois avaient stupéfié en faisant entrer le pape de la contre-culture américaine au Parnasse universel des belles lettres.
D’autant que celui-ci, avare d’apparitions publiques, avait mis plusieurs semaines avant de réagir et s’était fait représenter pour les cérémonies de remise du prix le 20 décembre à Stockholm.
Décerné pour la première fois en 1901 (à l’écrivain français Sully Prudhomme), le Nobel de littérature a récompensé, pour l’immense majorité de ses 114 récipiendaires, des romanciers, de sexe masculin (14 femmes seulement), âgés en moyenne de 65 ans.
L’Académie établit chaque année, en février, une liste de toutes les candidatures qui lui ont été soumises par des personnalités habilitées à le faire (anciens lauréats, universitaire, etc), avant de la réduire en mai à cinq noms, sur lesquels ses membres planchent pendant l’été avant de choisir l’élu.