Tout un programme. Le ministère des Finances a publié, ce lundi 10 Avril, une synthèse du « Nouveau modèle de croissance » de l’Algérie, retraçant les objectifs économiques du pays jusqu’en 2030 et les trajectoires budgétaires de l’État jusqu’à 2019. Annoncée il y a une année, puis adoptée par le gouvernement, peu de choses avaient jusqu’ici filtré de cette nouvelle stratégie.
« Transformation de l’économie » d’ici 2030
Le gouvernement mise sur une diversification tous azimuts de l’économie et une croissance soutenue, notamment hors-hydrocarbures, sur la période 2020-2030. En effet, les objectifs définis tablent sur 6,5% de croissance par an (hors-hydrocarbures). Le PIB par habitant devrait, lui, être multiplié par 2,3, selon les projections du gouvernement. Ceci placerait l’Algérie dans les pays à revenu élevé.
Par secteur, l’industrie manufacturière verra sa part de valeur ajoutée dans le PIB presque doubler, pour passer de 5,3% en 2015 à 10% en 2030. L’agriculture subira une « modernisation (…) permettant d’atteindre l’objectif de sécurité alimentaire et de réaliser son potentiel de diversification des exportations », indique le document. Pour ce faire, le secteur agricole devra enregistrer une croissance annuelle de 6,5% durant cette période.
Moins de BTP, plus de “services de connaissance”
Les services marchands seront encore plus vigoureux, avec 7,4% de taux de croissance annuelle, prévoit le document. Autre moteur de l’économie nationale, le secteur du BTP devrait connaître un ralentissement, avec une croissance annuelle de 1,7% à terme. Sa part dans le PIB reculera progressivement « en faveur des services de connaissance », indique le document.
Le gouvernement prévoit également « une transition énergétique ». Il s’agira de « diviser par deux le taux de croissance annuel de le consommation interne d’énergie », précise la même source. Il passerait ainsi de 6% par an en 2015 à 3% en 2030.
Enfin, le dernier objectif à l’horizon 2030 est d’assurer « une diversification des exportations permettant le financement de la croissance économique accélérée. » Comprendre : les ressources nécessaires devront être assurées par la croissance et les exportations, et non par le Trésor public.
Hausse des recettes fiscales ordinaires
Le volet consacré au budget de l’État relève trois axes de réformes importants. Le premier consiste en « une amélioration des recettes de la fiscalité ordinaire de sorte qu’elle puisse couvrir l’essentiel des dépenses de fonctionnement », indique le document. Pour ce faire, cette fiscalité hors-hydrocarbures devra augmenter chaque année de 11%, précise la même source, pour couvrir 84% de ces dépenses de fonctionnement en 2019, contre un taux de couverture de 47% en 2014.
Ce scénario d’ajustement budgétaire prévoit en parallèle un déficit du Trésor réduit à 1,9% du PIB et se calcule sur la base d’un baril de pétrole à 50 dollars en 2017, puis 55 dollars en 2018, avant d’atteindre une moyenne de 60 dollars en 2019. En parallèle, les dépenses budgétaires globales (incluant les dépenses d’équipement) seraient stabilisées à un niveau de 7000 milliards de dinars.
Enfin, ce scénario prévoit également une balance des paiements excédentaire à hauteur de 2,2 milliards de dollars en 2019. Ceci permettrait d’écarter « le risque d’une aggravation de l’endettement aussi bien interne qu’externe tout en concourant à un confortement des réserves de change (27 mois d’importation) », précise le document.
Dans l’ensemble, pour parvenir à ces transformations, le document met en avant toute une série de réformes, tant sur le plan fiscal, administratif, que sur la politique de redistribution sociale (subventions, NDLR), jugées “antiéconomiques et inefficaces”.