Le Pacte politique des forces de l’Alternative démocratique a dénoncé, ce samedi 31 août, l’interdiction de la tenue de sa Convention, qui était prévue aujourd’hui même, ainsi que l’université d’été du mouvement RAJ.
Ses animateurs ont affirmé, lors d’une conférence de presse au siège du MDS à Alger, qu’à travers ces interdictions, notifiées respectivement les 27 et 26 août aux organisateurs, « les tenants du pouvoir de fait confirment leur parti pris en faveur de la restauration du l’ancien régime ».
Les animateurs du Pacte se disent décidés à tenir leur Convention le 9 septembre prochain.
Le Pacte de l’alternative démocratique compte en son sein des partis tels que le MDS, le FFS, le RCD, l’UCP, le PST, le PT, et des associations et collectifs à l’instar de la Ligue algérienne des droits de l’homme représentée par son président Me Noureddine Benissad et le Collectif de soutien et de vigilance au mouvement (CSVM) du 22 février.
Dans une déclaration lue à l’occasion de cette conférence de presse, Fethi Gherras coordinateur du MDS, a estimé que ces deux interdictions « ajoutées à la propagande distillée par certains médias et à l’instrumentalisation de la justice, mettent en relief un véritable coup de force que le pouvoir revendique malgré son illégitimité ».
Pour le Pacte de l’Alternative démocratique, l’objectif visé par ceux qu’ils désignent comme les « tenants du pouvoir de fait » est de « mettre en place une devanture civile pour reconduire l’autoritarisme ».
« Une grossière manipulation que le soulèvement populaire dénonce lucidement tous les mardis et vendredis en scandant ‘’Etat civil et non Etat militaire’’ », relève le Pacte.
Pour ce dernier, l’alternance à l’intérieur du système « ne peut constituer une garantie de changement », tout en soutenant que « l’entêtement des tenants du pouvoir à imposer une élection présidentielle dans le cadre d’une constitution octroyée est l’une des causes principales de l’impasse actuelle ».
Cette stratégie, prévient la même source, « augure un risque de confrontation aux conséquences préjudiciables pour la nation ».
Les membres du Pacte de l’alternative démocratique assurent qu’ils demeurent déterminés à porter la voie du peuple. « Nous mettons, encore une fois, le pouvoir de fait devant ses responsabilités pour lever les entraves aux droits et libertés et au débat public ainsi que la libération des détenus politiques et d’opinion ».
Pour ce collectif, le véritable changement passe impérativement par une transition démocratique à travers un processus constituant souverain. « Reconnaître au peuple sa souveraineté sur son destin nécessite la refondation du processus de légitimation pour l’exercice du pouvoir», relèvent les forces du Pacte de l’alternative démocratique.
Revenant sur la décision d’interdiction de leur convention, Ramdane Youcef Taâzibt du PT, a estimé que cette décision est due au fait que le Pacte est « vu par le pouvoir comme une menace pour son existence ».
Hakim Addad membre du CSVM, l’interdiction de la convention ne l’étonne guère. « C’est un pouvoir qui est né de la violence et qui pratique la violence. Les interdictions sont une violence en soi, que ce soit l’université d’été du RAJ ou la convention du Pacte de l’alternative démocratique, ainsi que d’autres formes de violence comme les interpellations et les arrestations. En rien cela ne m’étonne personnellement. Nous avons vécu des choses comme ça depuis 1992 et depuis 1999 », soutient-il.
Il insiste sur le fait que le mouvement populaire doit garder son pacifisme qui est selon lui, « sa seule véritable arme ». Il se montre toutefois optimiste pour la suite. « L’université d’été du RAJ se tiendra jeudi prochain à Bejaia sur la place publique. L’Alternative démocratique aura sa convention le 9 septembre et si l’administration ne l’autorise pas elle se fera aussi sur la place publique ou ailleurs », annonce Hakim Addad.
Les membres du pacte de l’alternative démocratique ont plaidé en outre pour un véritable changement qui soit l’émanation des aspirations du peuple. « En tant que forces de l’Alternative démocratique, on ne peut pas concevoir une solution à cette crise sans prendre en compte les revendications populaires », a estimé Zoubida Assoul présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP). Et d’enchaîner : « Et que demande le peuple depuis 6 mois ? De faire une rupture réelle avec ce système, aller vers un Etat de droit et vers un processus qui donne au citoyen algérien sa souveraineté de choisir librement ses dirigeants ».
La présidente de l’UCP a fait la proposition d’aller vers un processus constituant qui, dit-elle, va changer les règles de la pratique politique en Algérie et qui « permettra l’égalité des citoyens devant la loi ».
Pour le président du RRCD, Mohcin Belabbas, le processus de construction du pays doit aller de pair avec le processus de déconstruction du legs laissé par l’ancien système.
De son côté, Ali Laskri, membre de l’instance présidentielle du FFS a soutenu que le combat des forces de l’Alternative démocratique « est le même que celui du peuple », n’écartant pas que le pacte politique soit élargi « le plus possible » à l’avenir.