Le PDG de Sonatrach a démenti l’existence de « mesures » à l’encontre des travailleurs qui ont exprimé leur soutien ou leur adhésion au mouvement populaire.
Dans sa lettre du mois de mars qu’il a adressé aux travailleurs, Adelmoumene Ould Kaddour a tenu à rassurer les travailleurs en évoquant l’existence de risques de « malentendus et de dérapages » alimentés par la rumeur.
« Comme toujours dans les moments difficiles, le risque est bien réel de voir naître des malentendus et des dérapages de toutes natures, alimentées sournoisement par la rumeur. Aussi, je tiens à rassurer nos collectifs et à les assurer qu’il n’y a aucune mesure de restriction de quelque nature que ce soit que j’aurais prise, moi et mes proches collaborateurs, à l’encontre des travailleurs de Sonatrach qui ont exprimé leur soutien et leur adhésion au mouvement de protestation », écrit le PDG de Sonatrach.
Le 10 mars, la direction de Sonatrach avait averti l’ensemble de ses employés que tout rassemblement ou arrêt de travail « constitue une faute professionnelle », dans un contexte de mouvements de protestations et grèves touchant l’ensemble de l’Algérie.
« Il y a lieu de rappeler à l’ensemble des travailleurs que tout rassemblement de quelque nature que ce soit ou arrêt ‘’collectif et concerté’’ de travail, même de courte durée, en infraction des dispositions conventionnelles, réglementaires et légales constitue une faute professionnelle », avertit Kamel Brouri, directeur exécutif des humaines de Sonatrach, dans une note datant du 10 mars dernier dont TSA détient une copie.
Pour Ould Kaddour, les manifestations qui s’expriment depuis le 22 février revendiquent un changement de mode de gouvernance, lequel appelle un changement pour plus de démocratie, de justice, de transparence et d’équité.
« Les manifestations et la mobilisation visent à asseoir un changement positif dans notre pays, et notre peuple, mobilisé comme jamais, ne cesse de revendiquer avec force et détermination, mais pacifiquement et sans violence, ce changement salutaire qui redonnerait sa place à la véritable citoyenneté et en finirait avec la médiocrité et l’incompétence à tous les niveaux de la vie politique et socio-économique », dit-il.
Et à l’instar d’autres secteurs, il considère que Sonatrach ne « peut rester en dehors de ce mouvement ». « Sonatrach, en sa qualité d’entreprise citoyenneté et de locomotive de l’économie nationale, ne peut évidemment pas rester en dehors de ce mouvement et à ce titre, ses travailleuses et travailleurs sont parties prenantes du mouvement populaire et souhaitent, à l’instar e l’ensemble de notre peuple, que l’Algérie sorte grandie de cette période historique exaltante, plus soudée et plus unique que jamais autour des grands idéaux de liberté et de justice que nous appelons tous de nos vœux ».
Appel au sens élevé du devoir
Du reste, Ould Kaddour n’omet pas d’appeler les travailleurs à leur sens élevé du devoir, une invitation à peine voilée à ne pas recourir à la grève ni à entraver le fonctionnement du groupe au moment où des appels aux grèves se relaient sur les réseaux sociaux.
«J’en appelle au sens élevé du devoir de vous tous pour vous rappeler que Sonatrach est une entreprise économique dont la raison d’être est d’assurer à notre pays et à son peuple les moyens de développement en veillant à valoriser nos richesses naturelles de la meilleure façon possible afin de garantir la pérennité de nos activités sur le long terme et d’assurer un avenir aux générations futures de notre pays ».
«A ce titre, il est clair que notre premier devoir est de maintenir et poursuivre notre engagement pris envers notre nation et nos collectifs, celui de tout entreprendre pour réaliser et réussir la transformation de Sonatrach en un grand groupe énergéticien intégré et fonctionnant selon les normes les plus modernes et les plus efficientes, à l’instar des grandes entreprises internationales dans le secteur de l’énergie », conclut Ould Kaddour.