La Parlement européen a adopté ce jeudi 11 mai une résolution demandant la libération immédiate de « toutes les personnes détenues arbitrairement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression » en Algérie, citant nommément le journaliste Ihsane El Kadi, incarcéré depuis fin décembre dernier.
La résolution a été adoptée à une majorité écrasante : 536 voix pour, 4 contre et 18 abstentions.
Les autorités algériennes sont également appelées à « modifier les accusations liées à la sécurité dans le Code pénal utilisées pour criminaliser le droit à la liberté d’expression ».
La situation de la liberté de la presse « s’est considérablement dégradée en Algérie », depuis le Hirak de 2019, dénote la résolution du Parlement européen, soulignant le blocage « de plus en plus de sites d’information et de publications critiques à l’égard du gouvernement ».
Algérie : le Conseil de la nation répond au Parlement européen
À l’adresse des institutions de l’UE et des États membres, la résolution les exhorte de « condamner ouvertement la répression de la liberté de la presse en Algérie », et appelle la délégation de l’Union et les ambassades des pays de l’UE en Algérie « à demander l’accès aux journalistes emprisonnés et à assister aux procès ».
L’autre souhait des députés européens est de voir les autorités algériennes garantir « l’autorisation de visa et d’accréditation aux journalistes étrangers, ainsi que leur liberté d’exercer ».
S’agissant du cas d’Ihsane El Kadi, la résolution juge « infondées » les accusations de financement de l’étranger pour « propagande politique » pour lesquelles il a été condamné début avril à 5 ans de prison, dont trois ans ferme.
Le bureau du Conseil de la nation (Sénat) a exprimé son « rejet » et sa « désapprobation » absolus de la résolution du Parlement européen. La chambre haute du Parlement a dénoncé une résolution « tronquée contenant de terribles erreurs, adossée et enveloppée de principes de droit international, qui en réalité ne sont qu’une couverture » et les « principes moraux ne sont qu’un prétexte ».
Le Conseil de la nation a qualifié cette résolution d’« ingérence » dans les affaires intérieures d’un État souverain.
Le Parlement européen est devenu une « institution habituée à pratiquer la politique de l’arrogance et de la supériorité, réclamant le respect des droits de l’Homme dans certains pays, tout en massacrant dans d’autres ».
Le bureau du Conseil de la nation appelle le Parlement européen à abandonner le « principe de deux poids deux mesures, et à ne pas nourrir de ressentiment et sa haine apparente contre les pays qui ne se conforment pas à sa politique et l’exhorte à rechercher plus de crédibilité et à faire preuve d’enthousiasme – comme il l’a montré sur d’autres régions géographiques du monde ».
Le Conseil de la nation a cité l’exemple de la Palestine qui fait face à la répression israélienne.
Le Conseil de la national affirme que les institutions de l’État algérien accomplissent leurs tâches sur la « base » de la Constitution du 1er novembre 2020 et des lois de la République, et que le pouvoir judiciaire est régi par le principe de la « séparation des pouvoirs ».