Les cours du pétrole ont rebondi jeudi dans un marché redoutant de voir l’offre d’or noir se réduire trop fortement après l’entrée en vigueur de sanctions américaines contre les exportations iraniennes.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a gagné 38 cents pour terminer à 81,72 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE). Il remonte ainsi tout près de son plus haut niveau en quatre ans atteint mardi (81,87 dollars).
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” (WTI) pour la même échéance a pris 55 cents pour finir à 72,12 dollars.
L’annonce d’une hausse hebdomadaire des stocks de brut aux États-Unis, qui avait fait baisser les prix du brut mercredi, a vite été reléguée à l’arrière-plan lorsque le secrétaire américain à l’Énergie Rick Perry a affirmé devant la presse que le pays n’envisageait pas d’utiliser ses réserves stratégiques.
“Nous estimions qu’il y avait de bonnes raisons d’espérer que les États-Unis utiliseraient (ces stocks) puisque l’Opep traîne les pieds pour compenser la perte de l’offre iranienne”, a commenté Olivier Jakob, analyste chez PetroMatrix.
Les acteurs du marché peinent en effet à voir d’où pourraient provenir les barils qui compenseront les sanctions de Washington sur les exportations iraniennes, censées entrer en vigueur début novembre.
Visiblement, “les États-Unis préféreraient clairement que les pays de l’Opep et les producteurs américains s’activent pour contrebalancer les pertes iraniennes mais les poches de réserve restent limitées”, ont souligné les analystes de Schneider Electric.
Mais l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, emmenée par l’Arabie saoudite, et d’autres grands pays producteurs, dont la Russie, ont montré dimanche une certaine réticence à ouvrir plus largement leurs vannes.
“Il ne faut pas oublier que les sanctions vont être appliquées deux jours avant les élections législatives aux États-Unis”, ont rappelé les analystes de Commerzbank. Les prix de l’essence, notent-ils, sont déjà à leur plus haut en quatre ans.
Dans ce contexte incertain, les analystes commencent à s’inquiéter des conséquences potentielles d’une brusque hausse des prix.
“A huit reprises sur les 30 dernières années, les cours du brut ont gagné plus de 80% en moins d’un an”, ont indiqué les analystes de BNY Mellon Markets. “Dans six de ces cas, le dollar s’affaiblissait”, alors que le billet vert se renforce actuellement, ont-ils noté.
“Selon nos prévisions, le quatrième trimestre 2018 va être le plus tendu en plus d’une décennie, nettement plus que tous ceux de 2019”, ont prévenu les analystes de Energy Aspects, en soulignant que les éventuels problèmes de manque d’offre se situent principalement à court terme.