Politique

Le point après deux semaines de contestation populaire

Les événements se sont accélérées depuis le 10 février, date de l’annonce officielle de la décision du président Bouteflika de briguer un cinquième mandat.

Après quelques manifestations sporadiques aux quatre coins du pays, les Algériens sont sortis par centaines de milliers dans les rues le 22 février. La forte mobilisation a semé le doute chez les partisans du président qui, jusque-là, croyaient qu’ils allaient jouer sur du velours.

Les marches encore plus grandioses du 1er mars ont créé carrément la débandade chez les soutiens du pouvoir, parti ou organisations. Les manifestations de vendredi dernier survenaient deux jours avant l’expiration du délai de dépôt des dossiers de candidatures au Conseil constitutionnel. Tous les regards étaient braqués sur ce qu’allait faire le président Bouteflika, hospitalisé à Genève depuis le 24 février.

Dès le lendemain, le 2 mars, il limoge son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, auteur de propos malheureux enregistrés à son insu. Abdelghani Zaâlane le remplace au pied levé et beaucoup avaient déduit de cette nomination que le président n’avait nullement l’intention de jeter l’éponge.

Le 3 mars donc, c’est sans surprise que Zaâlane se présente au Conseil constitutionnel muni d’une procuration et d’une feuille de route dans laquelle le président sortant s’engage à mener des réformes et surtout à organiser une présidentielle anticipée.

Bouteflika est officiellement candidat et l’Algérie vivra une nuit de manifestations, signe du refus de la nouvelle proposition du chef de l’État. La population se donne rendez-vous pour le 8 mars, journée internationale de la femme, pour un troisième vendredi de colère.

Entre-temps, plusieurs corporations ont maintenu la flamme tout au long de la semaine, comme les étudiants et les avocats. L’armée, dont l’avis sur tout ce qui se passe était très attendu, s’est exprimée dans la semaine à deux reprises, mais les propos de son chef d’état-major ont été diversement interprétés, certains y voyant un soutient franc au président, d’autre une assurance de ne pas laisser les choses dégénérer.

Parallèlement, le mouvement populaire enregistre chaque jour de nouveaux soutiens, émanant même des organisations proches du pouvoir. Les partis de l’Alliance se murent dans le silence certains d’entre eux, comme le FLN, sont même au bord de l’implosion. C’est aussi au courant de cette semaine que des voix ont commencé à se faire entendre à l’étranger.

Après la France, qui a montré beaucoup de prudence, les Etats-Unis ont carrément apporté leur soutien aux manifestants en rappelant leur droit à manifester librement.

A la veille de cette journée fatidique du 8 mars, Bouteflika s’exprime de nouveau à partir de son lit d’hôpital. Il salue le caractère pacifique des manifestations qu’il soutient presque, mais ne laisse apparaître aucun signe de flexibilité quand à la principale revendication de la rue. Celle-ci s’apprête à vibrer de nouveau et au vu de l’ambiance ce matin dans les rues d’Alger, la mobilisation promet d’être historique.

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