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Le point sur la situation en Libye

Le point sur la situation en Libye

Le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, a appelé ce vendredi la population à prendre les armes contre une éventuelle intervention militaire turque en Libye, alors que le parlement turc a autorisé jeudi le président Erdogan à envoyer des troupes en Libye en soutien au gouvernement d’union nationale (GNA) opposé à Haftar.

« Nous acceptons le défi et déclarons le djihad et la mobilisation générale », a affirmé le maréchal Haftar dans un discours, appelant « tous les Libyens » à prendre les armes, qu’ils soient « hommes et femmes, militaires et civils, pour défendre notre terre et notre honneur ».

« Resserrons nos rangs et laissons de côté nos divergences », a appelé l’homme fort de l’est de la Libye. « L’ennemi regroupe ses forces pour envahir la Libye et asservir notre peuple » et a trouvé « parmi les traîtres ceux qui ont signé avec lui un accord de soumission, d’humiliation et de honte ».

Haftar fait ainsi référence à l’accord signé à la fin du mois de novembre entre le GNA et le gouvernement turc et approuvé ce jeudi par le Parlement turc permettant au président Recep Tayyip Erdogan d’envoyer des militaires en Libye pour soutenir le gouvernement du président Fayez al-Sarraj basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale.

L’accord est intervenu alors que les forces du maréchal Haftar tentent depuis le mois d’avril dernier de prendre le contrôle de Tripoli. Les forces gouvernementales avaient jusque-là réussi à contrer les offensives des troupes de Haftar jusqu’à ce que la donne change récemment après l’arrivée de milices paramilitaires russes.

Entre 1000 et 2000 mercenaires russes du groupe Wagner, dirigé par un proche du président russe Vladimir Poutine, sont arrivés en renfort pour les troupes du maréchal Haftar, apportant avec eux une expertise dans l’artillerie et le combat au sol aiguisée lors des conflits en Ukraine et en Syrie.

Les forces de Haftar sont également soutenues par des mercenaires provenant du Soudan ainsi que par des drones fournis par les Émirats arabes unis. Outre les Émirats et la Russie, l’Égypte et la Jordanie soutiennent également le maréchal Haftar, le voyant comme un leader fiable pouvant mettre fin au chaos libyen.

La Turquie a quant à elle apporté son aide militaire à la Libye après que le gouvernement de Sarraj ait signé récemment un accord permettant à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures. 25 milliards de dollars de contrats potentiels notamment dans le domaine de l’armement seraient également en jeu pour la Turquie en Libye.

C’est dans ce contexte que le maréchal Haftar a appelé à la mobilisation générale de la population libyenne, tandis qu’Aguila Saleh, président du Parlement libyen basé à l’est du pays et allié à Haftar, a appelé samedi dernier la communauté internationale à retirer sa légitimité au GNA, accusant ce dernier de vouloir « pousser à une colonisation turque de la Libye ».

Le président des États-Unis, Donald Trump, a quant à lui contacté par téléphone son homologue turc ce jeudi pour le mettre en garde contre toute « ingérence étrangère » susceptible de « compliquer » la situation en Libye. Le gouvernement avait déjà appelé au mois de novembre le maréchal Haftar à mettre fin à son offensive en vue de s’emparer de Tripoli, sans succès.

Dans ce contexte, l’Algérie suit les récents développements dans le pays de près. Abdelmadjid Tebboune a présidé jeudi 26 décembre à Alger une réunion du Haut conseil de sécurité à laquelle ont pris part les hautes autorités civiles et militaires du pays dont le nouveau chef d’état-major par intérim, le général-major Said Chengriha, où a été examinée « la situation dans la région, notamment au niveau des frontières avec la Libye et le Mali ».

Le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum a quant à lui fait savoir ce jeudi que l’Algérie « n’accepte la présence d’aucune force étrangère, quelle qu’elle soit » en Libye. « La voie des armes ne peut guère être la solution, laquelle réside dans la concertation entre tous les Libyens, avec l’aide de l’ensemble des pays voisins et en particulier l’Algérie », a estimé le chef de la diplomatie algérienne.

Plus de cent tonnes d’aide humanitaire constituées de denrées alimentaires et de médicaments ont par ailleurs été acheminées de l’Algérie vers la Libye via l’aéroport de Djanet ce jeudi. « Au regard des liens d’amitié et des relations de bon voisinage entre l’Algérie et la Libye et par principe de fidélité à nos traditions de solidarité fraternelle active et inconditionnelle vis-à-vis du peuple libyen, nous sommes tenus d’être aux côtés de ce peuple frère dans la conjoncture difficile qu’il traverse pour alléger, dans la mesure du possible, l’incidence de cette crise », a indiqué Boukadoum, en marge de l’opération d’envoi d’aide humanitaire.

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