Le courant extrémiste en France s’est offusqué il y a quelques jours que le journal algérien El Moudjahid écrive que l’Algérie compte des amis en France.
Valeurs Actuelles, un média de la même sphère vient de se distinguer avec une Une scandaleuse sans que cela ne fasse réagir. Pour l’extrême-droite, tous les coups sont désormais permis quand il s’agit de l’Algérie dans un contexte de crise inédite avec la France.
« Le poison algérien » a osé titrer Valeurs Actuelles en Une de son numéro du 26 mars au 1er avril 2025.
Sur fond d’une photo des présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron en discussion informelle, l’hebdomadaire d’extrême droite a présenté le contenu d’un dossier consacré à la crise avec l’Algérie, notamment un article intitulé « Visas, OQTF, Sansal : l’insupportable affront », une enquête sur « le tabou de la menace intérieure » ou encore un entretien avec le président du groupe de « la droite républicaine » à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, qui soutient que la France n’a « pas de dette envers l’Algérie ».
Les drôles de Valeurs Actuelles
Dans l’éditorial de cette édition signé de François d’Orcival, il est suggéré de « tourner la page avec l’Algérie » avec cette citation du général De Gaulle mise en exergue : « Avez-vous songé que les Arabes se multiplieront par 2 puis par 5 pendant que la population française restera presque stationnaire ? »
Tout le dossier est un concentré des attaques entendues ces derniers mois, un plaidoyer pour l’arrêt de l’immigration algérienne et pour la ligne dure prônée notamment par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
« Valeurs Actuelles atteint un nouveau sommet dans l’infamie et la propagande xénophobe », a écrit sur X le député LFI d’origine algérienne Idir Boumertit, accusant ce « torchon d’extrême droite » de recycler, « comme toujours » « ses vieilles obsessions colonialistes et racistes ». Le parlementaire franco-algérien a apporté son soutien à tous deux qui, des deux rives de la Méditerranée, ont été « blessés par cette Une ».
La haine en couverture.
Valeurs Actuelles atteint un nouveau sommet dans l’infamie et la propagande xénophobe. Comme toujours, ce torchon d’extrême droite recycle ses vieilles obsessions colonialistes et racistes.
Je condamne fermement ces propos et j’apporte tout mon soutien à… pic.twitter.com/w5szC17Uol
— Idir Boumertit (@boumertitidir) March 26, 2025
Fatiha Keloua-Hachi accuse Valeurs Actuelles de propager la haine
« Quelle honte ! », s’est offusquée pour sa part la députée socialiste Fatiha Keloua-Hachi, elle aussi d’origine algérienne. « Encore et toujours la haine et le racisme pour ligne éditoriale », dénonce-t-elle sur le même réseau social, apportant également son soutien « à nos compatriotes heurté.e.s par cette Une ».
Quelle honte !
Encore et toujours la haine et le racisme pour ligne éditoriale.
Soutien à nos compatriotes heurté.e.s par cette une. L’histoire entre la France et l’Algérie, à la fois unique et complexe concerne tellement de Français.e.s.
Je condamne ce type de propos. pic.twitter.com/SKuR5QDuvI
— Fatiha Keloua Hachi (@KelouaF) March 26, 2025
Il y a quelques jours, Valeurs Actuelles a fait partie des médias qui se sont attaqués à El Moudjahid pour avoir mis en Une dimanche 23 mars des photos de personnalités françaises considérées comme des « voix de sagesse » et des amis de l’Algérie.
Les photos de Ségolène Royal, David Guiraud, Jean-Michel Aphatie et Benjamin Stora ont été mises en Une par le quotidien gouvernemental algérien dans son édition du 23 mars, sous le titre : « L’Algérie n’a pas que des ennemis en France. »
Parmi les réactions suscitées en France, celle de Valeurs Actuelles justement, qui a écrit : « Ségolène Royal, Jean-Michel Aphatie, David Guiraud : ces personnalités françaises encensées par la presse algérienne. »
Deux jours après s’être offusqué d’un article de presse prônant le rapprochement, le journal sort un numéro nauséabond et une Une scandaleuse poussant à la confrontation et à la rupture. Valeurs Actuelles a décidément de drôles de valeurs.
Cette sortie peut bien être interprétée comme une tentative de saper toute possibilité de rapprochement entre les deux pays, après les propos apaisés tenus par le président Abdelmadjid Tebboune samedi dernier.
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