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« Le pouvoir veut aller vers les élections sans perdre sa mainmise sur l’opération politique »

« Le pouvoir veut aller vers les élections sans perdre sa mainmise sur l’opération politique »

Noureddine Ayadi, secrétaire général de la présidence, a répondu, mercredi 24 juillet, aux parties qui demandent des mesures d’apaisement – comme la libération des détenus d’opinion et la fin des pressions sur les médias – avant d’entamer le dialogue. Le haut responsable de la présidence a affirmé que cette question sera discutée pendant le processus de dialogue et non pas avant.

« Assurément, il y a une volonté partagée d’apaiser les esprits, d’assainir le climat politique et de créer les conditions pour un déroulement du scrutin dans une atmosphère sereine et apaisée. Il s’agit donc de mesures d’accompagnement, et comme l’a indiqué le chef de l’Etat dans son discours, celles-ci pourraient faire l’objet de discussions lors du processus de dialogue et l’Etat ne manquera pas de faire ce qu’il faut pour consolider la confiance », a signifié Ayadi dans un entretien à l’agence officielle.

Pour le politologue Toufik Bougaada, ce que cherche le pouvoir par ce type de déclaration « c’est d’enlever la question des garanties de dialogue des mains du Hirak et en parler dans les cercles fermés qu’il peut maîtriser ». « Le pouvoir veut aller vers les élections sans perdre sa mainmise sur l’opération politique », observe-t-il.

Cependant, souligne la politologue Louisa Ait Hamadouche, l’échec de la tenue du scrutin du 4 juillet et la poursuite de soulèvement ont rendu « caduque » une procédure de changement entièrement contrôlée par les gouvernants.

« L’absence d’acteurs pour remplir ce rôle en est un signe car les clients habituels sont totalement discrédités », relève-t-elle soulignant qu’il faut attendre la constitution humaine du panel censé conduire le dialogue pour avoir plus d’éclairage.

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Pour Louisa Ait Hamadouche, cette déclaration revêt plusieurs aspects. « D’abord, il reconnaît la crise de confiance qui justifie le recours à un panel. Cela signifie que les gouvernants actuels ne peuvent plus être des interlocuteurs face à la population. Ensuite, il évoque deux types de mesures : celles qui concernent les atteintes aux libertés publiques d’ordre général et celles qui sont d’ordre particulier comme les partis politiques et les personnalités connues. Cette différenciation volontaire vise soit à diviser la contestation populaire et l’opposition, soit à fractionner les réponses que les gouvernants voient comme des compromis. Ils pourront ainsi gagner du temps et négocier chaque geste d’apaisement en fonction de l’avancement des négociations », analyse-t-elle.

Le SG de la présidence dans ses déclarations écarte toute idée de constituante ou de période de transition susceptibles, selon lui, de faire perdurer la crise. En revanche, le pouvoir s’accroche toujours à l’option de l’élection présidentielle qui revêtirait, pour lui, un caractère déterminant pour l’avenir de notre pays.

La politologue Louisa Ait Hamadouche estime que depuis le 9 juillet- date d’expiration légale du mandat de 90 jours du chef d’Etat intérimaire- « le pays est facto en transition ».

Selon elle, l’ouverture de ce dialogue est aussi un mécanisme de négociation dans le cadre d’une transition.

Enfin, « la question relative au sort de la Constitution fait partie de l’ordre du jour du dialogue qui, selon ses dires, a pour mission de rendre la future présidentielle acceptée, crédible et transparente ».

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