Le professeur Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d’oncologie médicale (SAOM), a appelé ce jeudi 28 novembre à « éradiquer » la commission nationale chargée du transfert des malades vers l’étranger estimant qu’elle « ne sert à rien du tout ».
« Il faut enlever cette commission qui ne veut plus rien dire. Vingt ans après, elle ne rime plus à rien », a-t-il déclaré à TSA.
Le Pr Bouzid a également appelé à annuler les accords signés par l’Algérie avec des hôpitaux étrangers.
« S’il y a des accords à signer, il y a d’abord avec des hôpitaux en Algérie, qu’ils soient publics ou privés avec lesquels on peut faire des accords, a-t-il soutenu. Je ne vois pas pourquoi on va en France ou en Belgique… ».
« On est en principe indépendants depuis 1962, cela fait maintenant 57 ans, en quoi signer des accords avec des hôpitaux français ou belges va faire avancer la santé publique d’autant que ça concerne une infime partie de la population, la nomenklatura. Ces conventions ne veulent plus rien dire», a-t-il déclaré.
« Si on est si pressé de signer des conventions, qu’on les fasse avec des hôpitaux publics algériens, ou le cas échéant avec des hôpitaux privés algériens. Je ne comprends pas pourquoi on se précipite de nous annoncer qu’on signe des conventions avec des hôpitaux avec la France ou la Belgique alors que ce n’est pas ce qu’on demande », a encore asséné l’éminent oncologue.
Selon le professeur, l’image des hauts responsables et les élus qui se soignent à l’étranger a rompu la confiance entre l’Algérien et le système de santé de son pays. « Que des hauts responsables se soignent à l’étranger je n’ai aucun inconvénient. Mais qu’ils se soignent à l’étranger avec l’argent de mes cotisation, je suis contre », fait-il savoir.
Le professeur Bouzid dresse un état des lieux peu reluisant de la prise en charge des malades cancéreux qui sont confrontés à de multiples contraintes.
« Il y a un effort qui a été fait par l’État, ça il ne faut pas le nier, notamment en matière de construction de Centre anti-cancer (CAC) et l’acquisition d’accélérateurs d’électrons, mais il y a un gros problème d’organisation et de communication vis-à-vis de la population qui relève du rôle de l’autorité locale notamment des directeurs de la santé des différentes wilayas. Autrement, comment peut-on expliquer à nos concitoyens qu’il n’est pas nécessaire de venir au CPMC d’Alger, et qu’il y à Laghouat, à Adrar, à Oran, à El Oued, à Constantine, des centres anti-cancer équipés et avec des médecins compétents qui peuvent s’occuper d’eux ? ».
Le Pr Bouzid évoque également la problématique des thérapies innovantes (thérapies ciblées et immunothérapies) qui ne sont toujours pas disponibles pour les malades algériens malgré leur enregistrement depuis près de deux ans (janvier 2018).
« Au Maroc, elles sont enregistrées et rendues disponibles pour les citoyens marocains depuis 4 ans, en Algérie il n’y en a pas sous prétexte que ça coûte cher », déplore-t-il.