Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, s’est vu décerner le prix Ibrahim de leadership africain en récompense pour son rôle dans le développement économique de son pays ainsi que son respect de la limite de deux mandats présidentiels imposée par la Constitution, rapporte ce lundi le journal britannique Financial Times.
Le prix Ibrahim est accompagné d’une récompensé de cinq millions de dollars. Ce prix a été accordé à M. Issoufou pour avoir fait preuve d’un « leadership exceptionnel après avoir hérité de l’une des économies les plus pauvres du monde et été confronté à des défis apparemment insurmontables ».
Le jury du prix Ibrahim a estimé en outre que le président du Niger, qui quittera son poste cette année après qu’un second tour ait eu lieu le mois dernier pour déterminer son successeur, avait apporté une certaine stabilité et développement dans des circonstances difficiles. Le jury a surtout tenu à saluer par cette récompense le respect de M. Issoufou la limite de deux mandats imposée par la Constitution du Niger.
« L’une des choses importantes était de ne pas changer la Constitution pour rester au pouvoir », a déclaré dans ce cadre Festus Mogae, ancien président du Botswana et président du jury. « Nous avons eu le défi des dirigeants africains de changer la Constitution et de changer les lois à leur convenance », a-t-il déploré.
« Nous sommes parfaitement conscients du contexte dans lequel nous avons décerné ce prix, des défis auxquels ce pays est confronté. [Mahamadou Issoufou] a fait de son mieux dans des circonstances difficiles », a estimé en outre M. Mogae.
Le prix Ibrahim décerné six fois depuis 2006
Le prix Ibrahim d’un montant de 5 millions de dollars est ouvert aux dirigeants africains démocratiquement élus qui quittent leur poste après leur mandat et qui sont considérés comme ayant amélioré la gouvernance, le bien-être social et le niveau de vie.
Le prix a été décerné six fois depuis sa création en 2006, et il n’est décerné que lorsqu’un dirigeant est considéré comme méritant. Par conséquent, le prix Ibrahim n’a été décerné que six fois en quatorze ans.
Un pays de 24 millions d’habitants, le Niger a vu son Produit intérieur brut passer de 8,7 à 12,9 milliards de dollars durant la décennie de règne de Mahamadou Issoufou, faisant augmenter le revenu par habitant de 16 %. La décennie a également été marquée par la construction d’infrastructures dans le pays ainsi que par la hausse du score du Niger dans les indices de développement humain comme la mortalité infantile. La proportion de personnes sous le seuil de pauvreté a quant à elle baissé de 48 % à 40 %.
Malgré cela, le Niger fait face à plusieurs défis, notamment la menace terroriste de groupes comme Boko Haram ou Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Plusieurs attaques terroristes ont été enregistrées dans le pays ces dernières années, bien que leur nombre soit moindre que les pays avoisinants tels que le Burkina Faso, le Mali ou encore la Libye.
Au plan politique, Mahamadou Issoufou laisse un pays toujours fragile, comme en témoigne, les troubles et la coupure d’internet pendant dix jours, qui ont suivi l’annonce des résultats du second tour de la présidentielle, et la victoire du candidat du pouvoir Mohamed Bazoum, avec 55,7 % des voix.
Son rival, l’opposant et ancien chef d’État Mahamane Ousmane, s’est autoproclamé vainqueur de la présidentielle avec 50,3 % des voix.