Les tensions entre la France et l’Algérie peinent à s’apaiser, près d’un mois après l’éclatement de la crise entre les deux pays, alors qu’à Alger, des parlementaires veulent déterrer le projet de loi criminalisant le colonialisme.
Ils se sont saisis de la question et ont condamné, lundi 25 octobre, la « guerre par procuration» de l’Assemblée nationale française qu’ils ont accusée de se mêler dans les affaires intérieures de l’Algérie.
C’était à l’occasion d’une rencontre des parlementaires, des experts et des acteurs de la société civile réunis lors d’une conférence autour du thème « Parlement français : halte aux guerres par procuration ».
| Lire aussi : Victimes de la colonisation : l’Algérie avance pour la 1ère fois un chiffre officiel
Les conférenciers ont abordé la question de la criminalisation du colonialisme et la possibilité de relancer le projet de loi de 2010 qui a été bloqué par le gouvernement de l’époque, après avoir suscité de fortes polémiques en Algérie et en France.
« Un droit naturel pour l’Algérie »
Cette possibilité est saluée par le sénateur du FLN, Abdelouhab Benzaim, qui estime, dans une déclaration à TSA, que la criminalisation du colonialisme français « est aujourd’hui un droit naturel » pour l’Algérie.
« Notre pays est tout à fait dans son droit de criminaliser le colonialisme français qui a duré 132 ans. Les Français ont commis en Algérie des actes criminels qui ont fait des millions de victimes et ont procédé à des essais nucléaires (dans le sud du pays), sans parler de l’exploitation de leur des ressources naturelles de l’Algérie », rappelle le parlementaire qui aborde la question des mécanismes et les démarches à suivre devant mener à cette criminalisation.
« On ne peut pas faire une “criminalisation populaire” du colonialisme même si l’acte en lui-même est le bienvenu. La question n’est pas qu’il y ait une criminalisation populaire ou que les députés annoncent qu’ils criminalisent le colonialisme. Personnellement, je pense que le projet de loi relatif à la criminalisation du colonialisme est avant tout celui du gouvernement, suivant bien sûr les orientations du président de la République qui conduit la politique étrangère du pays », développe Abdelouhab Benzaim qui assure que les élus du peuple sont totalement disposés à voter la loi.
Une initiative à l’occasion du 1er novembre ?
« Le président a tous les dossiers et voit des choses que nous, parlementaires, ne voyons pas. Ce dossier est suspendu aux orientations et à la décision du président de la République. En tant qu’élus nous sommes partants pour la criminalisation du colonialisme, il n’y a aucun problème », lance Benzaim.
Le sénateur souhaite un geste dans ce sens à l’occasion du 67e anniversaire du déclenchement de la Révolution nationale, le 1er novembre prochain.
« Le ministre des Moudjahidine pourrait présenter un projet de loi en Conseil des ministres sous la présidence du président de la République. Une fois le projet de loi adopté, le texte sera examiné par le Parlement. La loi sera adoptée immédiatement», suggère le parlementaire.
Benzaim estime qu’avec cette loi, l’Algérie veut exiger de la France de reconnaître ses crimes durant la colonisation (1830-1962). « On peut aller même jusqu’à (exiger) l’indemnisation », ajoute Abdelouhab Benzaim.
« Macron est le seul fautif »
« Ce n’est qu’après qu’on avancera sur d’autres questions comme la mémoire, la récupération des archives nationales depuis 1830 et les cartes des mines anti-personnel. Ce qui nous importe, nous, ce sont surtout la reconnaissance et l’indemnisation », avance Abdelouahab Benzaim.
Le sénateur dénonce le « penchant » du président français Emmanuel Macron à s’affranchir des canaux diplomatiques pour parler de l’Algérie, en référence à ses propos controversés sur l’histoire de l’Algérie. Pour lui, le président français est « le seul fautif » de la crise entre Alger et Paris.