Le RCD a réagi ce lundi 4 mars à la lettre adressée hier dimanche 3 mars par le président Bouteflika aux Algériens, en la qualifiant d’ « insulte de trop » à « l’intelligence collective » du peuple algérien.
« Les Algériens sont humiliés. Aucun peuple, aucun groupe social, aucune personne ne peut accepter de supporter autant de mépris.
La lettre lue par le directeur de campagne du chef de l’Etat, spoliant l’opposition de son projet pour mieux le pervertir résonne comme une insulte de plus, une insulte de trop à l’intelligence collective du peuple algérien », a jugé le RCD dans un communiqué.
Pour ce parti, Bouteflika ne peut pas tenir ses promesses. « Qui peut croire qu’un homme dont l’action politique se confond avec la longue liste des coups de force, des reniements et des intrigues qui ont mutilé la nation peut se transformer en son contraire pour réaliser – maintenant que les forces l’ont abandonné et que les caisses sont vides – ce qu’il a scrupuleusement et méthodiquement combattu sa vie durant », développe le RCD.
Sévère, le RCD n’épargne ni Bouteflika, ni son régime. « Le propre de tous les pouvoirs tyranniques est de perdre contact avec le monde réel et la morale. Leur isolement les empêche d’appréhender et d’entendre les besoins et les attentes du citoyen ».
Il accuse le pouvoir de miser sur l’essoufflement du mouvement populaire de contestation du 5e mandat. « Le système algérien ne fait pas exception à la règle. Autiste, il spécule sur l’essoufflement d’une dynamique citoyenne inédite, qui exige une rupture complète et radicale, et manœuvre pour tenter de se survivre à travers la relance d’alternances claniques qui lui ont permis de traverser les turbulences engendrées par ses échecs et de passer outre les opportunités offertes par des conjonctures nationales, régionales et internationales favorables. Nul ne peut insulter l’Histoire indéfiniment, nul ne peut opprimer le peuple impunément. »
Pour le RCD, « l’opération de dépôt des dossiers de candidatures à l’élection du 18 avril a fini d’avilir l’ensemble des institutions officielles. » Il dénonce « le viol de la constitution perpétré par la candidature illégale du chef de l’Etat », qui est « doublé d’un dépassement des procédures formelles exigées par le conseil constitutionnel. »
Dans ses critiques, le RCD n’épargne ni Ghediri, ni Nekkaz. « Un général à la retraite délègue sa signature à son « coordonnateur » de campagne ouvrant la voie à un candidat officiel impotent et hospitalisé à l’étranger depuis une semaine. Un hurluberlu, mystificateur de la jeunesse, délègue son homonyme pour déposer des signatures collectées sur son nom », fustige-t-il, sans concessions.
Le RCD termine sa déclaration avec un appel à l’ensemble des forces politiques et sociales « conscientes des enjeux et soucieuses d’offrir au pays les issues qui redonnent au peuple le libre choix de son destin ». « Il s’agit de nous hisser au-delà des affiliations claniques, des tentations de carrières et des calculs opportunistes pour être à la mesure de l’extraordinaire élan de dignité et de témoignage de solidarité que nous prodigue notre jeunesse », soutient le RCD.
Et d’ajouter : « L’insurrection citoyenne qui se déroule sous nos yeux et qui fait déjà l’admiration du monde fait partie de ces événements qui surviennent une fois tous les siècles dans la vie des peuples. La mobilisation exemplaire qui s’est exprimée dans toutes les villes et villages de notre pays nous oblige tous. Elle appelle et exige l’écriture d’une nouvelle ère. »