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Le Real attend la mue de Benzema, entre crise et crispations

Karim Benzema peut-il être le finisseur qui manque désespérément au Real Madrid? Toujours aussi décrié en France et en Espagne, l’attaquant créatif doit devenir buteur en série pour juguler la crise madrilène mardi en Ligue des champions face au Viktoria Plzen (21h00).

Meilleur allié de Cristiano Ronaldo pendant neuf saisons, le Français (30 ans) se retrouve investi de nouvelles responsabilités offensives depuis le départ du Portugais cet été vers la Juventus Turin.

Mais la mue tarde à venir: meilleur buteur du club cette saison (5 buts), le N.9 merengue n’a toutefois plus marqué depuis huit rencontres toutes compétitions confondues. Une pénurie qui a coïncidé avec la série noire de huit heures consécutives sans inscrire le moindre but pour le Real de Julen Lopetegui…

“Pour changer la dynamique, il faut être plus précis face à la cage adverse”, a déploré samedi le technicien merengue, très menacé après une nouvelle défaite contre Levante (2-1), la quatrième en cinq rencontres.

Benzema, qui revenait d’une blessure à une cuisse, a débuté cette rencontre sur le banc. Mais son entrée remarquée, avec une frappe enroulée sur le poteau et une passe décisive pour Marcelo, a rappelé l’importance du Français dans le dispositif offensif madrilène. D’autant que sa doublure Mariano n’a pas fait le poids.

Pedigree de grand buteur

Contre Levante, Benzema a joué dans une position d’ailier gauche repiquant dans l’axe, comme lors de ses jeunes années lyonnaises, et c’est peut-être une solution à creuser pour revigorer le Real avant Plzen et le clasico à Barcelone dimanche. Reste à savoir si le Français, l’un des quatre capitaines du Real, a la fibre pour devenir un attaquant à 40 buts par saison et reprendre le flambeau de Ronaldo.

“Et pourquoi pas ?”, s’étonnait Lopetegui début septembre. “Les qualités, Karim les a.”

Buteur en finale de Ligue des champions contre Liverpool en mai dernier (3-1), quatrième meilleur marqueur de l’histoire de la C1 et meilleur français (56 buts), l’attaquant affiche un pedigree de grand buteur.

Alors pourquoi ces doutes autour du quadruple vainqueur de la Ligue des champions ? Peut-être à cause de ses 12 petits buts en 47 matches la saison dernière et ses multiples maladresses face à la cage, qui lui ont régulièrement valu les sifflets du stade Santiago-Bernabeu.

“Quand tu joues dans un grand club et que tu es un grand joueur, tu es obligé de recevoir des critiques. Si on ne te critique pas, c’est que tu es un petit joueur”, résumait-il, fataliste, en 2017.

Rattrapé par les polémiques

Ces déboires ne l’ont pas empêché d’être retenu ce mois-ci parmi les 30 joueurs finalistes du Ballon d’Or. Et pour remédier à ses statistiques décevantes, Benzema est devenu cette saison le tireur désigné des penalties du Real, en alternance avec le capitaine Sergio Ramos.

L’avant-centre a également changé d’agent, mettant un terme à 15 ans de collaboration avec son ami et représentant Karim Djaziri pour rejoindre l’agence espagnole BestOfYou qui gérait déjà les intérêts de Casemiro ou Alvaro Odriozola.

Ces évolutions ne l’ont pas empêché d’être rattrapé par les polémiques en France.

Début octobre, il a sèchement répondu au président de la Fédération française Noël Le Graët, selon qui l’attaquant n’avait plus sa place en Bleu depuis sa mise en examen dans l’affaire de la sex-tape: “Je vous demande de m’oublier et de me laisser tranquille”, a-t-il asséné sur Twitter.

Même réaction la semaine dernière en voyant son nom cité dans une nouvelle affaire judiciaire. “Ce monde est-il sérieux ? Faut arrêter”, a martelé Benzema après des soupçons de tentative d’enlèvement impliquant certains de ses proches afin de récupérer une somme d’argent appartenant au joueur.

Habitué des controverses, Benzema a toujours montré qu’il savait s’en extraire sur le terrain. Cela tombe bien, pour rester dans la course aux huitièmes de C1 mardi, ce Real en crise a besoin de sang-froid. Et d’un grand buteur.

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