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Le recteur de la Mosquée de Paris dénonce une « alliance contre nature » entre des juifs et l’extrême droite

Le recteur de la Mosquée de Paris dénonce une « alliance contre nature » entre des juifs et l’extrême droite

Face aux tentatives de monter les juifs et les musulmans les uns contre les autres, le recteur de la Grande Mosquée de Paris exprime sa colère.

Dans un long billet publié lundi 13 mai sur le site internet de la Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz a démonté les « contre-vérités » de ceux qui entretiennent cette « fausse dichotomie » entre les deux communautés. Dans la foulée, il a dénoncé une « alliance contre-nature » entre certains membres de la communauté juive et l’extrême-droite européenne.

« L’Islam n’est pas intrinsèquement antisémite »

« L’islam n’est pas intrinsèquement antisémite, tout comme le judaïsme n’est pas intrinsèquement antimusulman », écrit-il, dénonçant des « généralisations simplistes » qui, selon lui, ne font que nourrir la haine et l’intolérance « à des fins inavouables ».

De la place des prophètes juifs dans le Coran, qui dénote d’une « alliance spirituelle entre l’islam et le judaïsme », à la paix et la sécurité dont a joui la communauté juive en terre d’Islam à travers les siècles, le recteur tord le cou au « récit simpliste et toxique » qui « présente l’islam comme l’ennemi naturel du judaïsme ».

Ceux qui entretiennent ce récit ignorent « les siècles de coexistence pacifique et de collaboration entre ces deux grandes traditions », accuse le recteur de la plus importante institution religieuse musulmane en France, un pays qui compte entre cinq et six millions de musulmans.

De l’époque du Prophète à l’empire Ottoman, les juifs n’ont jamais été inquiétés en terre d’Islam où, au contraire, ils ont joui de la liberté d’exercer leur culte et de tous leurs droits. Il leur est même arrivé d’occuper des postes importants dans la hiérarchie de l’État, rappelle le recteur de la Grande Mosquée de Paris, exemples concrets et historiquement établis à l’appui. « Nous devons nous en inspirer pour construire un avenir meilleur », suggère-t-il.

Qui cherche à opposer les juifs aux musulmans ?

Bien plus, c’est chez les musulmans que les juifs ont trouvé refuge quand ils étaient persécutés en Europe chrétienne. Là aussi, les exemples ne manquent pas.

Quant au statut de « Dhimmi » (protégé) auquel étaient soumis les juifs sous domination musulmane, Hafiz a souligné qu’il n’était pas discriminatoire puisqu’il était aussi appliqué aux chrétiens et rappelle que la racine du mot signifie « les gens de la conscience », ce qui « souligne plutôt le respect et la considération accordés aux membres des communautés du Livre, au sein de la société musulmane ».

Chems-Eddine Hafiz se dit en « colère » contre ce qu’il constate aujourd’hui. En colère, écrit-il, contre ceux qui « exploitent la mémoire douloureuse de la Shoah pour justifier une rhétorique de haine et de division ».

Les musulmans « n’ont pas à porter le fardeau » de la Shoah

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris rappelle que les musulmans, qui ont été, eux aussi, victimes de l’oppression et de la discrimination, « n’ont pas à porter le fardeau » de la tragédie de la Shoah qui « n’a pas été commise en terre d’islam ».

Sa « colère » est aussi destinée contre ceux qui, « par opportunisme politique, cherchent à instrumentaliser les tensions entre communautés pour servir leurs propres intérêts ».

Chems-Eddine Hafiz qualifie au passage de « trahison de l’humanité même » les alliances « contre-nature » entre certains membres de la communauté juive et des partis d’extrême-droite et dénonce ceux qui « détournent l’histoire » pour justifier leur « agenda politique » ainsi que ceux qui restent « passifs face à cette montée de l’antisémitisme et de la haine et des discriminations antimusulmans ».

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