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Le regard d’une entrepreneure franco-algérienne sur les législatives françaises

Rania Tessa Maachou est une cheffe d’entreprise franco-algérienne qui s’est portée candidate aux législatives françaises anticipées de 2024 dans la 9e circonscription des Français de l’étranger qui comprend de nombreux pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne.

Elle a été éliminée au premier tour. Dans cette contribution, elle raconte comment elle a vécu cette élection d’abord en tant que candidate, puis comme citoyenne.

« La dissolution de l’Assemblée nationale fut un chaos »

«  Je me suis présentée comme candidate, seule, sans parti.

Au fond, une expérience peu différente de celle de mes concitoyens, pour qui il est difficile d’être entendus, car, semble-t-il, ils ne sont pas la bouche faite pour les oreilles des élites politiques.

La dissolution de l’Assemblée nationale fut un chaos, définitivement comparable à la grenade dégoupillée jetée aux pieds de tous !

Les stratégies, les alliances impossibles, les trahisons, les ambitions opportunistes, tout cela en accéléré, servi en continu sur tous les médias, saturant les esprits…, sous le regard ahuri des Français, conscients de reprendre bientôt le pouvoir par les urnes et d’en faire bon usage.

À l’approche du premier tour, j’ai vu poindre le vote sanction : sanction des politiques brutales (inoubliables 49.3), des petites phrases indigestes, des incompétences géopolitiques et économiques, et des sophismes en tout genre.

Le premier élan fut donc de favoriser le parti RN, celui qui cristallise le plus de rejets. Une contestation claire et un affront à faire à la classe politique dirigeante.

« Ils auront résisté à laisser la France à la bêtise insondable »

Mais la campagne pour le second tour a séparé le bon grain de l’ivraie. Dans cet intervalle d’entre-deux-tours, le spectacle offert par certains candidats RN investis à la va-vite nous a révélé le plus affligeant des spectacles, teinté de racisme et d’incompétence crasse.

De quoi sortir mes concitoyens de leur stratégie contestataire court-termiste, ne pouvant se résoudre à ce qu’un vote contestataire d’aujourd’hui soit demain une main mordue par un RN affamé de pouvoir. Ils auront résisté à laisser la France à la bêtise insondable.

Le sursaut aura eu lieu ; et cela fut une bonne chose.

Ces élections ont également été l’occasion d’un réajustement nécessaire. L’Assemblée a pu se défaire de ses membres les plus outranciers, une sorte de maladie morale contagieuse. Elle devait couper cette petite portion d’elle-même, la retrancher du reste de son hémicycle. De cette dissolution, elle se sera guérie elle-même, et comme le renard pris au piège, elle a rongé son pied captif.

L’hémicycle redeviendra le lieu où s’exercent les émanations rationnelles d’esprits sains, lieu où l’on réfléchit aux sujets les plus éminents de notre société.

Fini l’outrance ; et cela fut une bonne chose.

La gauche retrouve une place, reconsolidée depuis elle-même. Peut-être lui sera-t-il permis de gouverner et d’avoir la capacité à agir, à démontrer par l’expérience ce qu’elle affirme par le concept.

Il lui fallait cette étincelle, demain beaucoup de travail et la patine du temps »


*Née en Algérie et ayant grandi en France, Rania Tessa Maachou a étudié la finance/gestion de patrimoine. Après avoir travaillé en banque, elle est devenue entrepreneure dans le domaine de la silver économie.

« Mon père, soucieux des enjeux collectifs, m’a très tôt éveillée à l’importance du fait politique. Je suis passionnée par la lecture, allant de la littérature à la sociologie et à la philosophie. J’apprécie aussi la nature, un héritage de mes montagnes kabyles d’enfance », explique-t-elle.

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