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Le Ritz-Carlton, « prison dorée » de Ryad, rouvre ses portes

Le Ritz-Carlton, “prison dorée” de Ryad, rouvre ses portes

L’hôtel de luxe Ritz-Carlton de Ryad a rouvert ses portes dimanche, après avoir servi pendant trois mois de « prison dorée » pour des dizaines de princes et de hauts responsables saoudiens au centre d’une purge anticorruption sans précédent.

L’établissement était fermé à la clientèle depuis le lancement le 4 novembre d’une vaste campagne anticorruption sous l’impulsion du jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, qui a entrepris de réformer le royaume ultraconservateur.

Dimanche, les premiers clients ont été accueillis avec des tasses de café, des dattes et le sourire d’un personnel auquel il a été demandé de ne pas évoquer avec les journalistes le séjour forcé dans l’hôtel des centaines de princes et de personnalités.

Dans l’ambiance feutrée de la réception, avec son hall parsemé de lustres en cristal et ses plafonds richement décorés, le personnel a accueilli les premiers clients qui avaient réservé des chambres, disponibles à partir de 2.489 riyals (541 euros) la nuit.

Dans la matinée, une source à l’intérieur de l’hôtel a indiqué que l’établissement avait été vidé de tout détenu. Une partie des quelque 381 suspects faisant l’objet d’enquêtes ont été détenues au Ritz-Carlton, qui a ainsi vu sa célébrité monter en flèche.

Parmi les ministres, ex-ministres, princes et hommes d’affaires y ayant séjourné figure Al-Walid ben Talal, cousin du prince héritier, libéré le 27 janvier après avoir conclu un « arrangement » financier avec les autorités dont la teneur n’a pas été divulguée. Il fait partie des plus grandes fortunes mondiales.

Selon le procureur général d’Arabie saoudite, Saoud Al Mojeb, les accords conclus avec certains suspects vont permettre aux autorités de récupérer plus de 400 milliards de riyals (environ 87 milliards d’euros), remboursés sous forme d’avoirs immobiliers, commerciaux, en titres et en espèces.

Le procureur général avait déclaré fin janvier que seuls 56 détenus étaient toujours en détention, sans préciser leur lieu d’emprisonnement.

Un autre célèbre détenu, l’ancien chef de la Garde nationale, le prince Miteb ben Abdallah, a été libéré à la suite d’un « arrangement » avec les autorités, qui aurait dépassé le milliard de dollars.

– Railleries du web –

Agé de 32 ans, le prince Mohammed, fils du roi Salmane, a été le fer de lance de cette campagne anticorruption qui n’a épargné ni les membres de la famille royale ni les hauts responsables.

Certains ont accusé le prince Mohammed de s’accaparer le pouvoir mais les autorités ont insisté sur leur réelle volonté de combattre la corruption endémique qui affecte le pays alors qu’elles se préparent à appliquer de profondes réformes visant à le libérer de sa dépendance au pétrole.

Dans une interview accordée au New York Times en novembre, le prince Mohammed avait qualifié de « ridicules » les analyses présentant la campagne anticorruption comme un moyen d’asseoir son pouvoir, en affirmant que de nombreux détenus du Ritz-Carlton lui avaient fait allégeance.

Avec ses suites majestueuses et ses larges couloirs, l’hôtel cinq étoiles –construit à l’origine pour héberger les invités de la famille royale et de hautes personnalités– n’a rien d’un centre de détention.

Le luxe de l’hôtel avait fait la joie des internautes, qui se sont parfois amusés du séjour forcé des nombreuses personnalités saoudiennes. Certains ont spéculé sur les personnalités qui seraient ajoutées à la « liste des invités Ritz », demandant même à y figurer en écrivant « Emmenez-nous avec vous » pour être incarcérés dans le somptueux hôtel.

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