Le sénateur franco-algérien Akli Mellouli revient dans cet entretien sur les enjeux des législatives 2024 en France, les risques liés à la victoire de l’extrême droite, l’impact sur la relation France – Algérie…
Quels sont les enjeux des législatives anticipées du 30 juin ?
Les législatives anticipées du 30 juin sont cruciales pour notre avenir collectif. Après sept années de macronisme, la justice sociale, le pouvoir d’achat, le logement et l’éducation sont des préoccupations majeures pour les Français.
Ces années ont été marquées par des politiques favorisant les ultra-riches, tandis que les classes moyennes et populaires voyaient leur niveau de vie chuter et les services publics se fragiliser.
Cependant, pour la première fois dans la Cinquième République, l’enjeu principal n’est pas seulement programmatique, mais aussi un enjeu de valeurs.
La France restera-t-elle cette république ouverte sur le monde, prônant l’égalité et la fraternité entre tous ses concitoyens, ou se réveillera-t-elle le 7 juillet avec le visage de l’extrême droite ?
Nous ne débattons plus seulement de la durée du temps de travail, mais de notre identité et de nos principes fondamentaux. Avons-nous encore une boussole morale ? Cette élection est plus que jamais historique.
Pourquoi avez-vous insisté sur les quartiers populaires lors d’un meeting à Montreuil ?
Les quartiers populaires ont trop longtemps été délaissés. Et depuis 30 ans, nous ratons les rendez-vous avec les quartiers populaires.
Il est crucial de considérer les habitants de ces quartiers et de garantir l’égalité réelle comme un pilier de notre république, et non comme un simple supplément d’âme.
En tant qu’élu depuis plus de 20 ans d’une ville populaire et cosmopolite, je suis particulièrement sensible aux problématiques de ces habitants.
Malgré les difficultés, ils sont pour la grande majorité des citoyens exemplaires. Nous devons leur apporter le soutien et les ressources qu’ils méritent pour garantir une véritable égalité des chances.
Est-il possible de briser le plafond de verre pour les jeunes des quartiers populaires avec le Nouveau Front Populaire au pouvoir ?
Absolument, oui. Le Nouveau Front Populaire est déterminé à mettre en œuvre des politiques qui permettront de briser ce plafond de verre. Nous croyons fermement en l’équité et nous nous engageons à créer des opportunités pour tous les jeunes, peu importe leur origine ou leur quartier.
Cela inclut des investissements dans l’éducation, la formation professionnelle et l’accès à des emplois de qualité. Avec notre vision et nos actions concrètes, nous pouvons et nous allons faire la différence.
Les Français doivent-ils se mobiliser pour faire barrage au RN ?
Oui, tous les Français, et pas seulement ceux d’origine étrangère, doivent se mobiliser pour faire barrage au RN.
Le programme du RN est dangereux pour nos écoles, nos hôpitaux et l’ensemble de nos services publics. Il menace notre cohésion nationale.
Comment pouvons-nous affronter les défis nombreux qui se présentent à nous avec une société fracturée ? C’est impossible. Il est donc crucial de choisir un programme qui rétablira la justice sociale et proposera des solutions concrètes aux problématiques de pouvoir d’achat, de logement, d’écologie, et plus encore.
Ensemble, nous devons défendre les valeurs de notre république et garantir un avenir meilleur pour tous.
Les relations entre la France et l’Algérie seront-elles la première victime d’une éventuelle arrivée du RN au pouvoir ?
Nous connaissons tous l’histoire entre cette famille politique et l’Algérie. Le RN a été fondé par des amis de l’OAS et compte encore aujourd’hui des nostalgiques de l’Algérie française en son sein.
Les leaders de ce parti assument ouvertement des idées négationnistes à l’égard de l’histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Les Algériens sont souvent stigmatisés par ce parti.
L’arrivée du RN au pouvoir aurait des conséquences désastreuses sur les relations entre la France et l’Algérie, exacerbant les tensions et compromettant des décennies de progrès dans nos relations bilatérales.
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