Le 23ème Salon international du livre d’Alger (SILA) qui a clôturé ses portes ce samedi 10 novembre, a enregistré un record de fréquentation.
« Jusqu’à ce matin, à 11 h (samedi), nous avons enregistré plus de 2,2 millions de visiteurs. Nous pouvons dépasser les 2,3 millions visiteurs à la clôture du salon, ce soir. Le pic a été atteint le jeudi 1er novembre, jour férié, avec 630.000 visiteurs. Le vendredi 2 novembre, le nombre des visiteurs était de 300.000. Les élèves étaient en vacances d’automne. D’où cette fréquentation importante”, a déclaré, ce samedi 10 novembre en fin d’après-midi, Hamidou Messaoudi, commissaire du SILA, lors d’une conférence de presse pour dresser un premier bilan de la manifestation.
Et d’ajouter: “Ceux qui doutent de ces chiffres n’ont pas visité le Salon ou ne sont pas passés à côté du Palais des expositions pour constater la grande affluence chaque jour ».
Un sondage a été effectué durant le salon, par une entreprise privée à la demande des organisateurs, pour étudier les tendances de lecture des algériens.
« Les résultats seront communiqués aux médias dans les quinze prochains jours. Nous devons étudier cette situation. A longueur d’année, les librairies sont peu fréquentées alors que le salon du livre connait des records d’affluence », a annoncé le premier responsable du SILA.
La fermeture d’un stand iranien expliquée
M. Messaoudi a estimé que ceux qui disent que les gens se sont déplacés pour faire « du tourisme culturel » n’ont qu’à poser la question aux éditeurs algériens ou étrangers.
« Les gens ne font pas 800 km ou 1000 km pour venir manger au SILA. Les visiteurs sont venus acheter des livres dans tous les domaines et découvrir les nouveautés. Toutes les conditions ont été réunies pour que ceux qui se sont déplacés de régions lointaines se sentent à l’aise au salon », a-t-il dit.
La fréquentation est, selon lui, un paramètre de réussite. « Notre ambition est de passer à une phase de qualité », a-t-il dit, en rappelant la participation de 1018 maisons d’éditions avec 300.000 titres.
« Nous avons décidé de fermer le stand d’un éditeur iranien (Dar Al Beyt) pour des considérations légales et objectives. Cet éditeur, qui ne peut pas représenter l’Iran et qui a agi comme un commerçant, n’a même pas fait le déplacement en Algérie. Il a chargé un algérien qui n’a aucun lien avec le livre ou avec l’édition (pour le représenter). De plus, il n’a pas payé les frais de location du stand. En mai 2018, nous lui avons envoyé une liste de cinq livres indésirables au salon d’Alger. Malgré cela, ces livres ont été envoyés en Algérie. Pour éviter tout dérapage, nous avons décidé de fermer ce stand. Cela ne touche en aucune manière les bonnes relations entre l’Algérie et l’Iran. Nous ne permettons à personne de brouiller le bon déroulement du salon », a-t-il expliqué.
Retrait de huit livres sur la sorcellerie
A propos du début de polémique, suscitée par les éditions algériennes Koukou, qui ont protesté contre la demande faite par la commission de lecture de retirer deux livres (« Democtatoria » de Mokrane Ait Larbi et « Les derniers jours de Muhammad » de Hela Ouardi), Hamidou Messaoud a répondu:
« Chaque année, le délais de la remise de la liste finale des ouvrages à exposer est fixé au 31 juillet. La commission de lecture a trouvé des ouvrages non portés dans la liste envoyée par l’éditeur. Malgré cela, les livres n’ont pas été retirés. La commission a fait des observations orales. Il n’y a pas eu de censure. Aucun livre édité en Algérie par un éditeur algérien n’a été retiré du salon. Il y a eu des réserves sur un livre de Mohamed Shahrour (penseur syrien défendant l’idée d’une relecture moderne du Coran) exposé par un éditeur libanais, mais le ministre de la Culture a intervenu pour que l’ouvrage soit de nouveau exposé ».
Le commissaire du Slia a rappelé qu’en 2017, 130 titres ont été retirés. Cette année, la commission de lecture a retiré 60 titres pour non-respect de la loi sur le livre de 2015. « L’article 8 de cette loi interdit l’exposition d’ouvrages qui glorifient le terrorisme, qui incitent à la division et à la discrimination, qui encouragent le racisme ou qui portent atteinte aux bonnes mœurs. Durant le salon, 8 titres ont été retirés. Des livres sur la sorcellerie et la magie noire. La commission de lecture est chargée également du suivi. C’est elle qui demande aux douanes de retirer les ouvrages tombant sous le coup de la loi », a précisé Hamidou Messaoudi.
Les prix des livres qualifiés de raisonnables
Les ventes étaient, selon lui, importantes même si des statistiques ne sont pas encore disponibles. « En tous cas, tous les éditeurs ont exprimé leur satisfaction(…) en tant qu’éditeur (ENAG), je préfère vendre 1000 exemplaires avec une petite marge de bénéfice que 100 livres avec une grosse marge. Plusieurs paramètres entrent dans le prix du livre comme la dévaluation du dinar. Mais, j’ai constaté que les prix des livres étaient raisonnables au salon mis à part les ouvrages scientifiques et techniques », a-t-il souligné.
M. Messaoudi a rappelé que la vente en gros est interdite puisque le Salon est destiné prioritairement au grand public. Seule la vente en détail est autorisée. Il évoqué la participation chinoise au SILA 2018 en présence de cinq écrivains de renom dont Mo Yan, le prix Nobel de littérature 2012.
« L’affluence au stand chinois était très forte. Les chinois ont en été émerveillés. Certains titres en arabe et en anglais ont été vendus dès les premiers jours du salon. Des éditeurs algériens ont signé des conventions avec leurs homologues chinois pour des projets d’échanges dans les domaines de l’édition et de la traduction », a-t-il noté.
Le palais des expositions « dépassé »
« Le Palais des expositions est dépassé par les événements. Il n’est plus adapté à ce genre de manifestations. Certains stands ont souffert après des infiltrations d’eau en raison des dernières chutes de pluies. C’est grave. Nous ne savions plus comment parler à nos invités (les infiltrations ont été constatée dans le stand de la Chine, au pavillon central) », a regretté le premier responsable du SILA.
Hamidou Messaoudi a annoncé que, sous toutes réserves, que la Jordanie sera l’invitée d’honneur du salon du livre d’Alger en octobre 2019. Et n’a pas écarté la possibilité d’inviter Cuba en 2020 ou en 2021. Le SILA coïncide avec le Salon de Shardjah (Emirats arabes unis) qui a changé de date pour se tenir au même moment que le salon d’Alger. Concurrence ? « Le SILA se tient toujours à l’approche de la fête du Premier novembre et durant les vacances scolaires d’automne. Nous n’allons pas changer de date », a-t-il rassuré.