La 26e édition du Salon du livre d’Alger (SILA) ouvre ses portes ce mercredi 25 octobre au Palais des expositions d’Alger. Ce rendez-vous culturel incontournable, qui s’étalera jusqu’au 4 novembre, s’ouvre sur fond de deux polémiques : le visa refusé à un prix Nobel de littérature et l’exclusion d’une maison d’édition algérienne.
Arezki Ait Larbi, fondateur et directeur des Éditions Koukou, a annoncé dans un communiqué que le commissariat du SILA lui a notifié par courrier électronique l’exclusion de sa maison d’édition pour « dépassements constatés dans les publications contraires au règlement du SILA » que Koukou Éditions expose sur son stand.
« Les cagoulards de la censure ont encore frappé », dénonce Ait Larbi qui rappelle les différents incidents qui ont émaillé ces dernières années la présence au salon du livre d’Alger de Koukou, qui participe à ce rendez-vous depuis 2011. Saccage de son stand pendant la nuit précédant l’inauguration en 2016, tentative de saisie de deux ouvrages en 2018 par des individus se présentant comme membres de la commission de lecture, et tentative d’interdiction de 12 ouvrages en 2022, une décision notifiée par un officier des Douanes.
« Pour cette année, les censeurs de l’ombre n’ont pas fait dans le détail », s’insurge Arezki Ait Larbi, indiquant que l’interdiction émane de la “Commission de lecture” chargée de contrôler les ouvrages proposés au public, une commission dont la composition « relève du secret d’Etat » et dont le « triste palmarès est déjà très lourd ».
Le directeur dénonce une « violation des procédures légales » en mettant en avant l’article 54 de la Constitution qui postule que « l’activité des publications ne peut être interdite qu’en vertu d’une décision de justice”.
Le Parti des travailleurs et le RCD ont dénoncé la décision du Sila d’exclure la maison d’édition Koukou.
Une romancière prix Nobel de littérature ne sera pas présente au SILA faute de visa
La seconde polémique concerne le visa qui aurait été refusé à la romancière française Annie Ernaux, prix Nobel de littérature en 2022. Ernaux devait participer au Salon du livre d’Alger, mais selon le journal Le Monde, elle n’a pas pu obtenir un visa d’entrée en Algérie.
En l’absence d’explication officielle, Le Monde cite des observateurs qui estiment que ce refus est peut-être dû à la tribune publiée en mai dernier dans le même journal par plusieurs intellectuels, dont Annie Ernaux, appelant à la libération du journaliste El Kadi Ihsane, condamné à 7 ans de prison dont cinq ans fermes.
Un universitaire anonyme cité par le journal souligne néanmoins que le prix Nobel de la littérature, avec d’autres personnalités, a publié dimanche dernier dans le journal français de gauche l’Humanité un « appel du monde de la culture pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza ».