Le Syndicat des magistrats de la Cour des comptes a réagi, ce lundi 13 mai, aux récentes déclarations du président de la Cour Abdelkader Benmarouf, qui a notamment affirmé que la Cour qu’il préside ne peut se substituer à la justice en matière de lutte contre la corruption.
« S’il est vrai que la Cour des comptes ne peut se substituer à la justice comme l’a affirmé le président, il est aussi vrai qu’elle est dotée d’une expertise qu’elle doit mettre à la disposition de la justice, à travers la transmission de rapports circonstanciés pénales », affirme le syndicat dans un communiqué. « Et c’est justement ce rôle de pourvoyeur de faits susceptibles de qualifications pénales que la Cour des comptes n’assure plus régulièrement depuis plus de 20 ans », ajoute-t-il.
« Pour justifier ses échecs, le président n’a pas trouvé mieux que de mettre en exergue l’absence de moyens humains et techniques au niveau de la Cour pour lutter contre la corruption oubliant au passage qu’il est le premier responsable de cette situation. Cet aveu manifeste d’échec de sa propre gestion ne peut qu’encenser le syndicat sur la justesse et la véracité de notre constat », poursuit le syndicat des magistrats de la Cour des comptes.
Le syndicat a également réagi aux déclarations du président de la Cour des comptes qui a affirmé que le contrôle des finances des entreprises publiques économiques (EPE) ne relève pas de la Cour. « Le denier public représente toute ressource qui sort du Trésor public au profit des administrations publiques, en plus des subventions accordées aux entreprises publiques économiques. Mais les finances d’une entreprise publique, comme la Sonatrach par exemple, sont des finances privées car il s’agit d’une entreprise commerciale même si son capital est public », avait indiqué Abdelkader Benmarouf dans un entretien accordé à l’APS.
« Entendre le premier responsable d’une institution constitutionnelle chargée de contrôler les deniers publics affirmer que les capitaux des EPE sont des deniers privés et qu’ils ne relèvent donc pas du contrôle de la Cour des comptes signifie, au mieux, qu’il veuille juste fuir ses responsabilités pour ne pas rendre compte sur l’absence de la Cour dans la lutte contre la corruption au niveau du secteur économique, au pire c’est ignorer les attributions et prérogatives de l’institution qu’il dirige depuis plus de 24 ans, ce qui est inimaginable », dénonce en réponse le syndicat des magistrats de la Cour.
« Ainsi, au lieu de clarifier devant l’opinion publique pourquoi lui et son équipe n’ont pas assumé leurs responsabilités, en matière de lutte contre les diverses formes de fraude et de pratiques illégales ou illicites dans les entreprises publiques économiques (EPE), alors qu’ils sont à la tête d’une institution jouissant de prérogatives largement étendues, le président de la Cour tente par des contrevérités fuir ses responsabilités allant jusqu’à pervertir la notion de la propriété publique des EPE », dénonce encore le syndicat.
« En conclusion, les contrevérités du président de la Cour confirment, si besoin est, l’ébauche du diagnostic alarmant que nous avons dressé », affirme le syndicat des magistrats de la Cour des comptes, réitérant son appel aux pouvoirs publics « afin de procéder à des changements à la tête de la Cour des comptes et de demander au président de la Cour des comptes et à son secrétaire général de rendre compte de leurs 25 ans de gestion catastrophique qui a déconstruit complètement cette institution constitutionnelle », conclut le syndicat.