Le peuple marcheur a vaincu la peur, le peuple électeur vaincra la fraude
« Comme le Despotisme est l’abus de la Royauté, l’Anarchie est l’abus de la Démocratie » Voltaire
L’objectif de cette contribution est d’apporter, en ma qualité de citoyen, un point de vue qui peut offrir un son de cloche différent aux autres sons que nous enregistrons quotidiennement sur différents supports médiatiques. Ma gratitude va naturellement à tous ces algériens de Kherrata, Bordj Bou Arreridj et Khenchela qui, en descellant les premières pierres il y a 9 semaines, ont fait tomber le mur de la peur
Aujourd’hui, nous avons une situation se résumant à un pouvoir intérimaire. Celui-ci est refusé en masse par le peuple souverain et une élection présidentielle le 4 juillet. Elle est considérée comme une opportunité de chargement pour certains et un grand risque de continuité du système pour d’autres.
En face, une partie des algériens manifeste, tous les vendredis, depuis 8 semaines pour donner sa position et surtout dire ce qu’elle refuse. Après ses victoires d’étapes comme pour l’annulation du 5ème mandat, puis de l’extension du mandat et enfin la démission de l’Ex-Président. Le message s’embrouille de plus en plus avec des revendications attribuées au Peuple mais dont les expressions et autres différents slogans et messages sur les réseaux sociaux, montrent, que chacun veut arriver à un résultat précis, confondant visions, stratégies et autres actions à mener.
Que soient demandés « le départ des 3B, des 4B, du système, de la bande… », « de la mise en place d’un Etat de droit, d’une Algérie Nouvelle, d’une Algérie Moderne, d’une deuxième République, de finir ce qui a été commencé en 1962, la fin de la corruption, le jugements de tous les corrompus… ». Il y a réellement une pléthore de demandes qui doivent être rapidement confortées à une vision commune pour éviter que cette disparité de revendications, même apparemment convergentes, ne puissent aboutir à la discorde. Pour faire simple, je peux résumer tous ces messages en un seul mot d’ordre : les Algériens veulent un changement en profondeur et visible pour vivre mieux.
Un changement en profondeur d’un système révolu vers un nouveau système, mais lequel ? C’est là, que doit intervenir la notion de Vision.
Tout en vérifiant que nous sommes dans la bonne direction, il faudrait être certain que nous avons bien démarré, en ce sens qu’un système ne se réduit pas à quelques personnes, même emblématiques. Ce sont des valeurs galvaudées par les tenants du « système honni ». Elles doivent être réprimées en chacun de nous afin d’être certains que ce système puisse disparaître réellement.
Il est ainsi facile de penser que seules, des personnes ayant eu des fonctions gouvernementales ou ayant bénéficié d’avantages outranciers puissent être considérées comme les seules responsables du « système à dégager ». Que doit-on faire ? Sinon avoir des comportements que nous avons intégrés dans notre quotidien, malgré leur forte propension à faire partie de « l’aberration ». Ne passe-t-on pas notre temps, à dire ‘’ normal ’’ ? : « Normalement, on devrait faire comme ça, mais on fait le contraire. Par exemple, Normalement, un chauffeur de taxi devrait nous accompagner là où on le souhaite ; du moment qu’on paye, mais non ! Il nous dépose là où il va.
Normalement, un médecin qui a des consultations à l’hôpital doit respecter la personne humaine en venant à l’heure, mais non ! Il vient avec 3 heures de retard ou ne vient pas. Normalement, un commerçant qui est censé vous satisfaire, doit sourire et se couper en quatre pour que vous reveniez, mais non ! Chez nous, il vous fait la tête, comme s’il allait vous offrir gratuitement sa marchandise. Normalement, un citoyen doit attendre son tour pour retirer tel document de l’Etat civil ou telle somme d’argent de tel guichet de poste, mais non !Il use et abuse de ses relations pour passer avant tout le monde ; à tel point, que l’expression « connais- tu quelqu’un dans telle ou telle administration ou entreprise?, devient une des questions le plus souvent posée. Et, les situations où le « Normalement» est de rigueur, font légion.
C’est ainsi que nous pouvons résumer la vision du Peuple. Elle doit être une transition d’un système « Anormal » vers un « Système Normal » cela s’entend ; et aussi, par le bannissement des comportements « anormaux ». C’est ainsi que nous pourrons dire, que nous avons « dégagé » le système , et par la même occasion sa bande d’affidés ; le jour où nous constaterons que nous ne vivons plus des situations anormales à tous les niveaux. Cela pourra aller de l’insalubrité d’un bloc opératoire à la disponibilité de pétards malgré leur interdiction, passant par le fait que des responsables des forces de l’ordre ne mettent pas la ceinture de sécurité alors qu’ils sont censés faire respecter la loi : « le non -port de la ceinture de sécurité étant devenu un marqueur social de supériorité et d’impunité »
En simplifiant ainsi les choses, cela montre que finalement, faire partie du système ne se résume pas à ce groupe de personnes vivant au Club des Pins, utilisant la bande d’arrêt d’urgence, le salon d’honneur, un gyrophare, un passeport spécial, une disponibilité de n’importe quelle place et n’importe quel produit ou n’importe quel service d’une manière inconditionnelle.
Non nous rendons vite compte que, nous sommes, à des degrés différents, partie prenante du système finissant, et ce, en ayant au moins fait usage d’une de ses valeurs, volontairement ou non.
Maintenant, nous connaissons notre direction, à savoir, aller vers un « SYSTEME NORMAL ». Nous le définirons, comme un mode de gouvernance où toutes les règles du jeu sont mises en place par la majorité des citoyens et que, les outils de la gouvernance tout comme ceux des institutions et autres organes para- gouvernementaux sont là pour veiller à ce que ces règles soient appliquées aux besoins amendés. L’impact sur la vie des citoyens serait clairement mesuré à travers des indicateurs fiables et rendus publiques périodiquement.
Dire que l’on a dépensé des Milliards pour tel projet doit relever des pratiques du système à bannir, mais plutôt parler dorénavant, de projets ayant coûté tant de milliards, a généré telle valeur ajoutée, telle baisse de pauvreté, tel gain de temps pour les citoyens. Bref, ne pas dépenser juste parce que c’est un rituel annuel, mais agir sur des indicateurs où le citoyen ressent effectivement l’impact de toutes ses dépenses sur sa vie quotidienne et que ses représentants légitimement désignés, en contrôlent le moindre détail.
Pour revenir à la situation actuelle du pays et pour approcher le plus le pragmatisme et l’efficacité, j’estime personnellement, qu’il y a 3 scénarios possibles à la situation de blocage actuel :
Premier scénario : L’idéal d’un transfert de pouvoir au Peuple via ses représentants
La situation idoine serait la désignation par les millions d’algériens qui sortent, puissent de leurs représentants presser les décideurs à leur transmettre le pouvoir et puisque le départ des 3 responsables décriés sera acté, ils auront à gérer cette période de transition. Ce scénario éviterait ainsi cette confrontation inutile avec l’institution militaire. Celle-ci plus efficace à s’occuper de ces strictes missions de protection du pays notamment à ses frontières où les appétits s’aiguisent.
Mais dans les faits, cette option rencontre vite les limites d’un déficit de confiance, d’intérêts partisans restreints et des manipulations qui font passer les quelques figures de proue émergeants du mouvement, tantôt pour des traîtres à leur pays, tantôt pour des personnes manipulées et intéressées, comme justifier le café de Mr Rahabi avec Mr Brahimi, son ancien collègue et ministre, ayant pris plus de temps que la dégustation du café lui-même.
Il y va également de la rencontre de Mr Sadi avec Mr Brahimi, de la question d’un média à Madame Assoul sur son avis concernant la rumeur désignant Mr Zeroual comme personnalité de la transition, et dont les réactions ont été d’une telle violence, que tout son crédit de sympathie après des années de combat, semblait avoir été entamé. Que dire également de la cabale contre Mr Tabou, suite à une probable rencontre avec Mr Rebrab, comme si ce dernier était le représentant d’une puissance étrangère, puissance laquelle, aurait également comme représentant Mr Bouchachi, devenu soudain une cible, malgré son caractère naturellement conciliant et rassembleur.
Cette désinformation et manipulation reste l’écueil majeur à toute tentative, pourtant salutaire et primordiale, d’avoir des représentants légitimes et acceptés. Sinon qui pourrait valider les remplaçants des « 3B », si l’institution militaire venait à écouter les revendications actuelles.
Deuxième scénario : l’escalade perpétuelle
En l’absence de ces représentants qui pourraient s’assurer que les décisions prises par l’institution militaire sont conformes à ce que demande le peuple, nous aurons éternellement un refus de ce qui est fait. Un vendredi ça sera « les 3C » qui ont remplacé les « 3B » puis le refus des « 3O » lors d’un autre vendredi, bref une situation de rejet systématique de tout ce qui décidé par le pouvoir intérimaire. Cette situation approfondirait la crise et augmenterait les chances d’une confrontation sanglante et d’une déstabilisation du pays. Sans oublier que pendant tout ce temps, la machine économique est en suspens, que le nécessaire audit des comptes publics n’a pas été lancé et peut engendrer des tentatives de dissimulation de preuves de mauvaise gouvernance.
Troisième scénario : parti pour perdre, il vaincra
Il est basé sur la situation actuelle consistant à avoir des organes intérimaires décriés et refusés mais dont la mission prendra fin au lendemain de l’élection du 4 Juillet 2019 avec la mise en place du nouveau Président et de ses équipes. D’ailleurs cette courte période, reste le seul avantage de ce scénario.
Malheureusement toutes les dernières élections s’étant particulièrement imprégnées de l’une des valeurs du système à savoir la fraude et le détournement de la volonté de la majorité, la confiance s’est rompue avec le peuple.
Et si nous nous posions cette question ?
Pourquoi dans un contexte électoral à enjeux similaires, le pouvoir de l’époque malgré une administration totalement acquise, et en l’absence de l’instantanéité sans précédent qu’engendre l’utilisation des réseaux sociaux, le parti qui l’emportât n’était pas celui attendu par le pouvoir si la machine de la fraude avait fonctionné ?
Au-delà des aspects historiques et idéologiques, la seule réponse à cette question serait pour moi LA MOBILISATION. Beaucoup se rappelleront du contexte de l’époque, un camp homogène qui a poussé massivement ses partisans à s’inscrire sur les listes électorales, à délivrer des procurations pour les personnes ne pouvant aller voter, et en s’assurant le jour J que les gens iraient voter même dans des bus et camions mobilisés : La volonté était claire : gagner par la force du nombre, une administration qui ne pourrait utiliser la machine de la fraude face au raz-de-marée de la participation populaire.
Une seule question, naïve peut être s’impose : Si ça a pu marcher le 26 Décembre 1991, pourquoi cela serait impossible le 4 Juillet 2019 ; la sympathie nationale et internationale étant de loin plus importante qu’à l’époque, la maturité citoyenne sans aucune comparaison mais également des technologies du moment, parfaitement capables d’aider à la victoire.
Dans les faits, cela se traduirait par un raz-de-marée de tous les citoyens éligibles pour lesquels on voterait lors de la révision des listes électorales, obligeant même l’administration à étendre la durée à plus de 10 Jours.
Une fois les candidats déclarés, le candidat du « système finissant » sera clairement détecté et les semaines suivantes seront consacrées pour la mobilisation contre ce candidat et fera au même moment la promotion des candidats du mouvement populaire dont l’intégrité d’abord et le programme ensuite pourront fédérer autour d’eux pour créer un processus de « primaires » virtuel. Les réseaux sociaux aidants dans cette phase, cette personnalité qui émergera au fil des semaines sera mise en avant et ses idées promues.
Le mouvement mobilisera également, à l’image de ces sauveteurs anonymes et bénévoles ainsi que ces autres citoyens volontaires qui nettoient les rues après les marches, des volontaires sentinelles dans les 53.000 bureaux de vote avec utilisation des outils technologiques pour enregistrer la totalité de l’opération de vote et demander aux électeurs de dévoiler le nom de leur candidat. Plusieurs fois durant la journée, une tendance nationale sur les premières intentions de vote, seront transmises sur les réseaux sociaux.
Enfin et concernant les habitudes néfastes liées à la fraude, gageons que les PV de dépouillement arrivent chez les wali avec les résultats réels et que le candidat du mouvement ait obtenu plus de 70% des voix, ce résultat étant largement attendu par les électeurs à travers leurs réactions unanimes sur les réseaux sociaux. Qui pourra prendre la décision d’aller dans le contre-sens de l’histoire en annonçant des chiffres contraires aux attentes populaires sans prendre le risque d’ouvrir les portes de l’enfer sur lui-même?.
Mais encore une fois cette victoire populaire ne peut être obtenue qu’avec une mobilisation historique de même nature ou même plus importante que celle des vendredis légendaires jusque-là. Il ne faudra pas compter sur l’autre pour aller faire le boulot à sa place, chacun devra être un agent positif autour de lui en allant voter et en amenant avec lui, par la force de la conviction, ses amis et sa famille.
Personne ne pourra nous faire croire que dans certaines régions du pays connues pour leur mobilisation citoyenne, la fraude peut passer. Bien au contraire les taux historiques d’abstention qui dépassent les 90%, peuvent se transformer facilement en voix pour le candidat du Peuple. Ces régions, seront même une référence pour les autres devenant ainsi un véritable « Etalon de Transparence ».
Dans ces conditions d’abnégation, de volontarisme et de vigilance, en l’absence des vieux démons de l’égoïsme, du zaimisme et du dogmatisme partisan, qui pourra voler nos voix et nous empêcher de nous réveiller le 5 Juillet avec le nom de notre nouvelle ou nouveau Leader qui entamera immédiatement la longue marche vers la mise en place de l’Algérie ‘’NORMALE’’ ?.
« Mieux vaut prendre le changement par la main, avant qu’il ne vous prenne par la gorge » Winston CHURCHILL.